Exit : L’exil en vidéo
Les vidéos de l’exposition EXIT proposent une approche différente et intelligente des réalités de l’exil telles que vécues par six artistes venant des quatre coins du monde.
Organisée par le centre médiatique SAW Video, en collaboration avec la Galerie SAW, l’exposition EXIT présente cinq vidéos relatant, avec non-conformisme et intelligence, les épreuves de l’exil et du déplacement, telles que vécues par des personnes exilées de l’Irak, de la Hongrie, du Burkina Faso, du Vietnam et de la région israélo-palestinienne. Hors des normes journalistiques des documentaires habituellement présentés au petit écran, ces vidéos recèlent des approches personnelles, intimes et originales.
L’exposition EXIT est inspirée d’un autre événement s’étant déroulé il y a quelques années, à la gare centrale de Cape Town, en Afrique du Sud, et qui rassemblait des vidéos abordant le même thème. Désirant adapter la formule à l’Amérique du Nord, les programmateurs ont opté pour un appel aux artistes de la vidéo du monde entier, dénichant ainsi des oeuvres inédites. Le processus, non sans embûches, a requis plus d’une année d’efforts et de négociations.
Exoticore. photo: Nicolas Provost. |
Un des commissaires de l’exposition, Jason St-Laurent, explique que la vidéo d’art est en pleine expansion, et cela partout sur la planète. Les nouvelles technologies, Internet et les caméras vidéo devenant de plus en plus accessibles, il est maintenant possible de visionner de nombreux films réalisés dans les pays en voie de développement. "Dans un pays comme la Chine, la production vidéo a augmenté en flèche, surtout à Hong-Kong. Ces vidéos sont tellement en demande qu’il est parfois difficile de les importer au Canada, puisque les entreprises chargées de la distribution deviennent de plus en plus sélectives. Les cachets peuvent devenir prohibitifs." Par ailleurs, avec l’avènement d’équipements vidéo et informatiques de plus en plus abordables pour les artistes nord-américains, ceux-ci peuvent actuellement produire entièrement leur projet vidéo à leur lieu de résidence, et ne plus avoir recours aux centres d’artistes. S’ensuit une certaine démocratisation du média, mais également la perte d’une vibrante communauté artistique jadis ancrée dans les centres d’artistes. Cet esprit communautaire est toutefois encore très vivant dans tous ces pays où l’art de la vidéo est en pleine effervescence, d’où l’intérêt pour leurs productions.
Dans la petite salle de la Galerie SAW est projetée la vidéo Route 181, d’une durée de quatre heures, réalisée par Eyal Sivan (Israël) et Michel Khleifi (Palestine). Dans une atmosphère intimiste, les vidéastes se transforment en conteurs et observateurs des réalités quotidiennes vécues par les résidents des deux côtés de la délimitation territoriale. Certains témoignages sont très touchants et remplis de nostalgie, par exemple celui d’un groupe de retraités d’origine marocaine habitant Israël. Remplis d’amertume, ces derniers expriment leur désillusion par rapport aux promesses d’un avenir meilleur et sécuritaire qui ne s’est jamais matérialisé, après 50 ans de durs labeurs. Dans son oeuvre Crazy Days, le vidéaste iraquien Adel Abidin exprime la solitude vécue depuis son exil en Finlande et, du même coup, jette un regard ironique sur la société de consommation. Produite par le Canadien Khanhthuan Tran, Vietnam évoque l’émouvant portrait d’une famille vietnamienne, réunie après une séparation de 18 années, à l’occasion du 80e anniversaire de naissance de la grand-mère.
EXIT: à voir pour comprendre notre monde autrement.
Jusqu’au 17 juin 2006
À la Galerie SAW
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