Pour que nature vive : L'insoutenable légèreté de la nature
Arts visuels

Pour que nature vive : L’insoutenable légèreté de la nature

Avec l’exposition Pour que nature vive, le Musée de l’Amérique française, sous la direction de Claire Simard, a merveilleusement adapté un concept du Muséum de Paris.

C’est en 2001 que fut pour la première fois présentée à Paris l’exposition Nature vive. Depuis ce temps, l’équipe du Muséum national d’histoire naturelle de Paris et celle du Musée de la civilisation ont travaillé à l’élaboration d’une adaptation pour le Québec. Cette adaptation est manifestement réussie. Réussie, parce que cette exposition nous amène à réfléchir, à regarder dans les méandres de notre histoire…

En effet, c’est surtout afin de souligner le 200e anniversaire du Musée de l’Amérique française que les artisans de l’exposition Pour que nature vive ont mis en valeur diverses collections de spécimens naturalisés, comme celle du Séminaire et de l’Université Laval. Deux cents ans d’histoire, ça se voit, ça se déguste lentement comme les serpents le font, au gré des cliquetis d’instinct et de chants gutturaux d’oiseaux aux couleurs chatoyantes. Voyage dans les affres de la nature et de son rapport avec l’Homme.

Émerveillement, indifférence, étonnement, dégoût, attendrissement, peur: voilà quelques-unes des émotions qu’ont voulu nous faire vivre les créateurs de l’exposition. Et on les vit, ces émotions, lorsqu’on rencontre le Thylacinus cynocephalus (Loup de Tasmanie, disparu après son éradication au milieu du XXe siècle) ou le plus gros oeuf du monde, soit celui de l’Aepyornis maximus (oiseau-éléphant malgache carnivore pesant une tonne, disparu selon certains au XVIIe siècle, deux millions d’années après son apparition).

Mais au-delà du pathos véhiculé par chacune des différentes espèces d’animaux naturalisés (de l’ornithorynque au panda géant, en passant par le lémur aye-aye et le Lodoicea maldivica), on ne peut rester de glace devant la famille de bébés manchots, blottis dans un tout petit cercle concentrique.

L’exposition se divise en trois zones. La première veut nous faire prendre "conscience de la richesse de la nature et de la vaste gamme d’émotions qu’elle génère", et y arrive magistralement. La deuxième, Nature aimée, Nature oubliée, retrace l’histoire de certaines espèces disparues tout en décrivant les effets de la surexploitation ainsi que les conséquences de la destruction d’habitats et de la pollution. La dernière zone, mais non la moindre, Un destin commun, replace l’homme à sa place, c’est-à-dire dans la nature, et le questionne sur les rapports qu’il a entretenus et qu’il entretient parfois encore avec son environnement et la biodiversité; triste constat accompagné d’une lueur d’espoir.

Finalement, il faut noter l’antithétique parallèle de cette exposition, illustré par deux oeuvres mises en exergue dès le début du parcours. La peinture d’Antoine Plamondon (1880) faisant l’éloge de la suprématie de l’Homme sur l’animal contraste ouvertement avec une somptueuse sculpture de Daniel Castonguay (2000) "illustrant l’Homme comme partie intégrante de la Nature".

Jusqu’au 25 mars 2007
Au Musée de l’Amérique française
Voir calendrier Arts visuels

ooo

DU DON À LA CONTEMPLATION

La Succession Lucille Gardiner-Larivière vient de léguer au Musée national des beaux-arts du Québec une collection d’art contemporain imposante. Ces 34 oeuvres amassées au fil des ans par le psychiatre Paul Larivière offrent une exposition, Témoins d’une passion, de calibre international. Les oeuvres picturales et sculpturales qui y sont présentées sont signées Sam Francis, Milton Avery, Antoni Tàpies, Zao Wou-Ki, Riopelle, sans oublier le majestueux Spirale 1 (1959) de Martan Pan, un bronze monté sur tige de fer. Une exposition à visiter et à revisiter. Au MNBAQ jusqu’au 15 octobre 2006.

PÉRIPHÉRIE ARTISTIQUE

Il n’y a pas qu’au centre-ville de Québec qu’on peut avoir la chance d’être émerveillé par les arts visuels. Par exemple, la Salle Jean Paul-Lemieux de la Bibliothèque Étienne-Parent présente, jusqu’au 26 juin, la très belle exposition de Jean-Claude Caron Fleur et âme de la vie actuelle. Autre exemple, le Centre d’artistes en art actuel Regart à Lévis, qui se spécialise dans le mélange de la peinture et de l’écriture, présente les expositions de deux artistes talentueux et expérimentés jusqu’au 11 juin: Territoire, de Catherine Côte, et Dialogue étrange, de Sylvain Roy.