Manuel Mayoral : La Renaissance
Arts visuels

Manuel Mayoral : La Renaissance

À 63 ans, le peintre Manuel Mayoral présente à la Nef les fruits d’une passion qu’il a refoulée durant 30 ans: la peinture.

En allant au vernissage à la Nef, la semaine dernière, je n’avais aucune idée de qui était Manuel Mayoral. En zyeutant ses toiles, je croyais qu’elles avaient été peintes par un tout jeune artiste dans la vingtaine. L’énergie qui semblait vibrer des soixante-quelques toiles, la couleur, les thèmes, le nombre impressionnant d’oeuvres me laissaient croire à l’énergie de la jeunesse…

Quelle ne fut pas ma surprise de me faire présenter un monsieur à la chevelure grisonnante, rassemblée dans une couette de cheveux amincis. Un monsieur qui parle dans un français cassé comme pas possible. Un monsieur qui tient une bijouterie à Sherbrooke, coin Aberdeen et Gilespie, depuis des lustres.

Quelques oeuvres exposées à la Nef.

Manuel Mayoral est né en Espagne. À l’adolescence, il découvre qu’il veut devenir artiste, au grand désarroi de son père. Après avoir été apprenti chez le père bijoutier d’un ami, il fait son service militaire obligatoire et devient légionnaire parachutiste. En entrevue, tandis qu’il nous montre gentiment des photos de cette époque, il s’exclame: "J’étais un beau gars! Je pognais en tabarnouche!"

Les détours de la vie et les voyages le font se désillusionner par rapport au métier d’artiste peintre à Paris, devenir propriétaire de bars sur la Costa del Sol, vivre quatre ans avec une femme aux États-Unis, et finalement aboutir à Montréal, où habite une amie rencontrée en voyage. Pour gagner sa pitance, il répond à une annonce pour une offre d’emploi à Lac-Mégantic, où il n’est pas payé, mais logé, nourri et fourni en fumette. C’est là qu’il rencontre son amour, la belle Éva, toute jeune à l’époque, et avec qui il partage sa vie depuis une vingtaine d’années. Avec elle, il a fondé une famille et acheté une coquette maison-boutique, qui abrite sa bijouterie depuis moult années.

Mais Manuel a de moins en moins le goût de faire des bijoux, habité qu’il est par ses retrouvailles avec la peinture. Son frère l’ayant mis au défi, Manuel se remet à peindre après avoir laissé de côté les canevas et pinceaux durant 30 ans. Depuis trois ans, lorsqu’il ferme boutique, il ouvre une petite trappe qui mène au sous-sol de sa maison et se terre dans son atelier jusqu’aux petites heures.

Après l’expo à la Nef, Manuel se rendra dans son pays d’origine pour deux autres expositions, où il a eu la gentillesse d’inviter Maxime Tanguay, un jeune peintre talentueux qui travaille chez Madame Pickwick, à exposer avec lui.

Jusqu’au 25 juin
À la Nef, centre d’arts
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