Arts visuels

Matthieu Brouillard, André Éric Létourneau : Notes arts visuels

Il s’agit déjà de la dernière semaine pour voir les oeuvres de Matthieu Brouillard et entendre celle d’André Éric Létourneau.

ANTICIPATION MORBIDE

Avec ses Cadavres anticipés, présentés à Langage Plus jusqu’au 18 juin, Matthieu Brouillard nous donne à voir des êtres qui ne sont plus que des corps. Figés par l’image, ils sont des objets sans vie – sans toutefois être véritablement morts – qui se fondent simplement dans le décor, auquel ils empruntent parfois des caractéristiques plastiques. Les photos de Brouillard donnent l’impression que l’appareil photo ne permet pas à l’âme de survivre. Faute d’âme, aucune relation ne semble possible. Et, sans relation, qu’advient-il de l’identité?

Ses images, d’une précision chirurgicale, montrant des corps gris en manque de présence, donnent froid dans le dos. Ses mornes personnages, désarticulés ou simplement inconfortables, semblent incapables de supporter une vie insipide qui s’acharne dans cet univers incolore. Souvent nus, de plain-pied dans ces cadres glacials, ils évoluent dans un monde inquiétant, au bord de l’effondrement, dans une cage visuelle et sans dimension.

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SON: SEUL SOUVENIR

Dans le cadre d’une résidence qu’il effectue à la Galerie Le Lobe depuis le 9 juin, et qui lui permet de travailler à son projet intitulé 120 Années sous les forces proctectrices, André Éric Létourneau présente une installation sonore qu’il ne sera possible de visiter que jusqu’au 21 juin. Contre le fétichisme de l’image, cet artiste propose la valorisation de l’empreinte sonore. Sa réflexion vient de son expérience de la performance artistique, que la plupart des artistes et amateurs documentent visuellement, par la photo ou par la vidéo. Avec Létourneau, c’est la trace acoustique d’une performance précédente qui devient le matériau d’un univers à l’intérieur duquel le visiteur est invité à pénétrer, les yeux bandés.

C’est la trace acoustique d’une performance précédente qui devient le matériau d’un univers à l’intérieur duquel le visiteur est invité à pénétrer, les yeux bandés.

Ainsi coupé de son sens généralement le plus usité, il sera plus apte à découvrir ce langage étrange, à deviner la texture sonore déstabilisante de cet univers dont il ne subsiste que quelques sons et souvenirs. Un événement qu’il faut vivre pour comprendre…