Shannon Cooney : Bois d’oeuvre
À seulement 24 ans, Shannon Cooney s’est défini un langage artistique propre en puisant sa matière première lors de ses multiples plongées dans le lac Memphrémagog.
Élise Giguère
Les gens disent à Shannon Cooney qu’il possède une vieille âme. Il est vrai que le sérieux de sa démarche artistique et de sa personne étonnent. Après avoir étudié deux ans en marketing à l’Université Dalhousie à Halifax et s’être parti une petite entreprise d’encens naturel, il a décidé de baser sa vie autour de ses passions: l’art et la plongée.
Depuis plusieurs années, Shannon plonge au coeur du lac Memphrémagog, d’où il retire toutes sortes de vestiges du temps, surtout des vieilles souches et des vieilles racines, imbibées d’eau et qu’il appelle "bois ivre antique" ou drunkwood. Le sculpteur fait sécher ses trouvailles durant au moins deux ans avant de les sabler, les façonner et les enduire d’une huile naturelle. En découlent des sculptures pleines de mouvement et qui semblent tourmentées par le passage du temps. Depuis deux ans, il recueille aussi des pierres, qui lui ouvrent de nouvelles possibilités. "Le bois doit être séché, mais la roche peut être travaillée tout de suite", observe-t-il. Fasciné par la beauté et la puissance de la nature, Shannon Cooney se sert de la force d’érosion des éléments naturels – le feu, le vent, l’eau – pour créer ses pièces. "Je vois la nature travailler et ça m’inspire."
Présentée au Centre culturel Yvonne L. Bombardier, l’exposition 2006 lieux sous le Memphré présente 18 oeuvres: dix se trouvent sur place et huit autres, sur un diaporama qu’on peut visionner en s’installant sur un vieux fauteuil posé derrière une table confectionnée par Cooney avec du bois, du verre et de la pierre. L’exposition se veut un hommage au lac Memphrémagog, d’où il tire toute la matière brute qui l’inspire à créer. Dans le titre, le nombre 2006 réfère à la présente année, au cours de laquelle la carrière de Cooney semble avoir pris un véritable envol. L’année 2006 est aussi celle du décès de Jacques Boisvert, grand explorateur des eaux du Memphré et personnage inspirant pour le jeune artiste. Dans les écrits entourant l’exposition, le X du mot "lieux" est écrit en rouge, comme pour désigner tous les trésors que Cooney puise dans le lac.
Jusqu’au 18 août
Au Centre culturel Yvonne L. Bombardier
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