Andrea Juan : La fonte des glaces
Andrea Juan, Lorraine Beaulieu et Philippe Boissonnet, dans Intervalles aléatoires d’une prémonition, ont réfléchi sur l’avenir de l’Antarctique. Discours alarmistes et résignation.
Tout un monde sépare le Québec de l’Argentine. Pourtant, les deux territoires ont une particularité commune: ils sont situés près des pôles, les thermostats de la planète. Malheureusement, l’équilibre naturel de ces derniers est de plus en plus menacé par les radicaux changements climatiques. "Toute la péninsule de l’Antarctique est en train de fondre", signale Andrea Juan, qui a récemment effectué trois voyages sur la terre de glace, dans le cadre de son projet artistique. "Au cours des 15 dernières années, quelque 3000 kilomètres de glace ont disparu. C’est un chiffre énorme! Et on estime que ça devrait être davantage dans le futur…" Le cri d’alarme est lancé. L’avenir des zones polaires, et par conséquent celui du reste de la planète, repose sur un fil.
C’est ce troublant sujet d’actualité qui unit l’Argentine Andrea Juan aux Trifluviens Lorraine Beaulieu et Philippe Boissonnet, tous connus pour leurs travaux en rapport avec l’environnement. Jusqu’au 3 septembre, en parallèle avec la Biennale nationale de sculpture contemporaine, ils présentent Intervalles aléatoires d’une prémonition, second volet d’Amérique, Amérique, conversations polaires. Cette expo fait état de leurs visions respectives quant aux conséquences des changements climatiques aux deux pôles.
Le discours d’Andrea Juan, récipiendaire du prix UNESCO (France), se veut plutôt alarmiste, sans être moraliste. Il s’exprime à travers trois vidéos poétiques, tournées en Antarctique, sur une base habitée par des scientifiques. L’artiste montre la fonte des glaces et aborde la problématique du méthane, un gaz fort toxique, de plus en plus présent au-dessus de la mer. Philippe Boissonnet, lui, s’est intéressé à la fragilité de la couche d’ozone et à ses conséquences. Il a travaillé à partir de photos prises par Andrea Juan, lors de ses différents périples sur la planète de glace. Sur le visage de scientifiques, il a dessiné des marques, des brûlures qui ont la forme de l’Antarctique. Une façon de mémoriser la forme de ce continent méconnu, de ne pas oublier son importance. Quant à Lorraine Beaulieu, elle a réalisé des cyanotypes (tissus qui régissent à la lumière). Son travail expose une hypothèse plus fataliste: et si les changements climatiques, accélérés par l’homme, résultaient d’un cycle comme celui des saisons?
Jusqu’au 3 septembre
À la Galerie R3
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