Paysages Éphémères : Refaire la rue
Dans le cadre de Paysages Éphémères, cinq installations paysagères sont disséminées sur l’avenue du Mont-Royal. Montréal comme nous ne l’avons jamais vu…
On se rappellera les quatre chaises géantes postées à la station Mont-Royal l’été dernier. Flâneurs, petits et grands enfants de tout le quartier y ont grimpé et se les sont appropriées avec plaisir, à la manière de gros jouets. Il s’agissait en fait du projet Pause, créé par NIPpaysage pour l’édition 2005 de Paysages Éphémères.
L’événement, avec pour thème Voir la ville autrement!, éparpille cette année dans l’avenue du Mont-Royal, entre la station de métro et la rue Bordeaux, cinq oeuvres élaborées in situ. "Il s’agit d’un parcours d’interventions paysagères, mi-biennale d’art contemporain, mi-festival de jardin", explique Michel Depatie de chez Odace événement, directeur et cofondateur de projet à qui l’on doit également Nuit Blanche sur Tableau Noir depuis onze ans. "L’idée est de faire redécouvrir la rue de façon ludique et nouvelle, de surprendre le promeneur tout en le sensibilisant aux diverses possibilités de transformation de la ville comme milieu de vie." Un terrain de jeu est ainsi offert aux créateurs comme occasion de réfléchir sur l’espace urbain que l’on peut arriver à humaniser davantage en le transformant.
REFAIRE LE REGARD
Le projet Un arbre/Un contrat de K Design est fait d’un grand arbre déraciné, peint en doré et déposé de tout son long sur le pavé de la place Gérald-Godin. Ce projet parle de conscience sociale et, parce que la protection de l’environnement passe par l’engagement de chacun, le public est invité à signer l’arbre sous les termes d’un contrat rédigé exprès par Frédéric Bach, cinéaste d’animation à qui l’on doit le très beau film L’homme qui plantait des arbres. Il s’agit de sceller un nouveau contrat social entre les Montréalais et leur nature pour offrir aux générations futures une société urbaine respectueuse de son patrimoine naturel collectif.
Bécik Bleu d’Espace Drar… traite de la relation entre la nature et le transport. Dix vélos très bleus seront mis à la disposition des citadins et des touristes, qui pourront s’en servir pendant le jour. Les arbres de l’avenue du Mont-Royal, souvent petits et malingres, seront également mis en valeur par des étiquettes (bleues) afin de rappeler la situation précaire qu’ils occupent dans leur milieu de vie.
Le projet BinOcle, proposé par le collectif Les effets merveilleux, est le plus ludique des cinq projets. Tous les jours, nous marchons distraitement dans la ville sans faire attention aux bâtiments, aux gens et au décor qui nous entourent. Une série de dix lunettes d’approche ou binocles, incontournablement vertes et lustrées, installées à même les trottoirs, nous font explorer de près notre environnement quotidien d’un regard frais.
(Parenthèse) est un curieux aménagement d’Hubert Pelletier et Justin Dubé-Fahmy, qui prend forme à l’angle de Mont-Royal et Saint-Hubert. À cause de la configuration de cette intersection, les promeneurs du côté sud se trouvent inévitablement coincés entre les deux voies de Saint-Hubert. Les deux passages en bois et miroirs organisent l’interaction entre les piétons et les voitures en proposant une expérience perceptuelle qui débanalise notre façon de traverser la rue.
Catalyse Urbaine, qui a créé l’oeuvre la plus poétique de toutes, propose ses Réflexions Végétales au parc des Compagnons de St-Laurent (angle Mont-Royal et Cartier). En installant des pyramides de miroirs autour de deux arbres, on nous rappelle que pour chaque arbre, il existe sous terre un réseau de racines aussi étendu que son feuillage, aussi profond que l’arbre est haut.
Jusqu’au 3 septembre
Sur l’avenue du Mont-Royal
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