Ruth Brassard : Aller plus loin

Conciliant l’art et l’enseignement depuis plusieurs années, Ruth Brassard avoue avoir deux personnalités très exacerbées qui la poussent à pratiquer à la fois la peinture et le collage, et parfois à entrelacer les deux. S’il lui arrive de produire des portraits, surtout sur commande, elle n’y trouve pas la même satisfaction que lorsqu’elle s’adonne à du collage, grâce auquel elle peut vraiment laisser libre cours à son imagination, sans doute débridée et très colorée, à en voir le résultat. "Je ne suis pas considérée comme une peintre, j’ai de la difficulté à me trouver parmi ce monde-là… Parce que pour eux autres, je ne sais pas dessiner. Des fois, je sors une autre peinture pour leur montrer que je sais dessiner. Le problème, c’est que moi, ça ne me satisfait pas!"

La particularité de sa méthode, permettant de faire cohabiter l’image photographique et la peinture, la situe plus souvent qu’autrement dans un interstice inconfortable entre les arts. Pourtant, son habileté au dessin provoque un effet de trompe-l’oeil, alimenté par le rapport à la photo, et donne à ses oeuvres une impression de profondeur qui manque trop souvent lorsque nous avons affaire à d’autres collages.

Si elle accepte toujours de peindre des portraits, et certains paysages sur papier de soie, entre autres dans le cadre de symposiums, elle se libère de plus en plus du figuratif et du conventionnel pour plutôt réinventer la vie, pour "aller plus loin", comme elle le dit si bien. La différence majeure entre ses deux pratiques, c’est que le collage se construit au fur et à mesure, au gré de quelques surprises plastiques, plutôt que de simplement calquer la réalité. Travaillant à partir d’un titre issu de sa propre lecture de l’actualité, elle prend beaucoup de temps, souvent une semaine, à choisir les images qui serviront son propos, qu’elle souhaite engagé. Mais elle espère surtout que les gens puissent faire leur propre lecture de ses propositions.

Encouragée par son expérience d’exposition à Larouche et par l’appui de Claude Simard, Ruth Brassard ne vise rien de moins que d’exposer à Montréal et à New York. "Il faut que je cherche plus loin! J’ai des idées encore plus modernes, je voudrais intégrer autre chose…" La création se poursuit.

Pour la suite du monde
Jusqu’au 27 août
À l’hôtel de ville de Larouche
Voir calendrier Arts visuels