Chantal Brulotte : Inquiétante tranquillité
Chantal Brulotte tisse un doux univers intimiste aux effluves poétiques. Une envoûtante expérience sensorielle, aérienne et rafraîchissante en cette torride période estivale.
Une atmosphère de calme et de sérénité baigne le Centre d’exposition L’Imagier. Dans Parois d’intimité, délicatesse, transparence et blancheur participent à créer un espace invitant et enveloppant, installation de l’artiste Chantal Brulotte de Victoriaville.
Suspendu "entre ciel et terre", un immense dôme translucide occupe le centre de la pièce. Le visiteur pénètre par un espace prévu à cet effet la sculpture formée tel un igloo et se retrouve dès lors enveloppé de la structure composée de centaines de sacs transparents, emplis d’eau. Les rayons du soleil franchissant les fenêtres adjacentes rebondissent et infiltrent la liquide cloison, créant un environnement paisible et mystérieux à la fois, rappelant les cabanes et maisons improvisées de notre enfance, érigées à partir de chaises, de carton et de draps. Le fragile rempart de la coupole ne tenant qu’à de fins fils de pêche agrafés au plafond, la précarité de l’ensemble et l’hypothétique défaillance de l’assemblage suggèrent qu’une menace, improbable mais bien présente, plane sournoisement. Est-ce un refuge, une cachette, ou serait-ce plutôt un guet-apens?
Installation issue de l’exposition Parois d’intimité, 89 x 46 x 48 cm. Papier cellophane. |
Les oeuvres de Chantal Brulotte recèlent une énigme quant à l’origine ou à la fonction des pièces exposées. L’artiste dévoile toutefois le processus de la création des cocons aux formes d’humain recroquevillé dans une captivante vidéo, où l’on observe la fille de l’artiste enrobant doucement sa mère de pellicule cellophane. De très nombreuses couches successives couvrent le corps entier de l’artiste, qui doit patiemment se laisser manipuler pendant plus d’une heure. Arrive ensuite le moment crucial: l’épaisse couche de cellophane entaillée, Brulotte s’extrait péniblement, tel un papillon de sa chrysalide. L’oeuvre comporte sept cocons identiques, disposés en cercle, suspendus à quelques centimètres du sol et se balançant au gré des déplacements d’air provoqués par les mouvements de visiteurs.
Les installations offrent un moment de méditation empreint d’incertitudes. En acceptant de jouer le jeu, de participer activement et d’entrer en relation avec l’espace offert, ne remettons-nous pas aussi en cause l’intégrité de nos propres parois, de nos limites? Les créatures issues de ces cocons ont-elles construit le dôme et parcouru la rivière de verre qui serpente la galerie? L’artiste écrit: "Contradictions et paradoxes, proximité, frôlement de limite génèrent absurdes architectures, impossibles abris, intimes parois où s’installe à demeure une singulière ambiguïté."
Jusqu’au 13 août
Au Centre d’exposition L’Imagier
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SOLSTICE D’ÉTÉ ET MUSIQUE
Comme tous les étés, madame Yvette Debain, directrice du Centre d’exposition L’Imagier, concocte une exposition de groupe. Quelque 29 artistes de la région, inventifs et à l’imagination débridée, ont créé de petites oeuvres murales autour du thème de l’intimité. Notons la participation de Dominique Laurent, José Mansilla-Miranda, Hans J. Mettler, Réal Calder, Jean-François Provost, Suzanne Richard, María Lezón, Gail Bourgeois, Aaron McKenzie-Fraser, Farouk Kaspaules, Michèle DeBellefeuille, Alexis Loriot et Pierrette Lambert.
À découvrir: de nombreux concerts de très grande qualité sont présentés tout l’été au Parc de l’Imaginaire situé à l’arrière de la galerie. Des spectacles pour enfants, du jazz, de la musique du monde, et c’est gratuit et en plein air, dans un emplacement tout simplement bucolique. Pour de plus amples renseignements concernant la programmation: 819 684-1445 ou www.limagier.qc.ca. (L. Dezainde)