Cédule 40 : À tous les vents
Cédule 40, un collectif d’artistes de la région, a représenté le Québec au Festival international de jardins qui a lieu chaque année, dans le Bas-du-Fleuve, aux Jardins de Métis.
Pour certains, jardiner est un art. C’était le cas d’Elsie Reford, qui créa des jardins légendaires sur sa propriété, et dont les efforts inspirent aujourd’hui les employés des Jardins de Métis. C’est aussi le cas pour les artistes et les architectes du paysage qui participent chaque année au Festival international de jardins.
Parmi les participants se trouvent cette année quatre artistes ayant fait leurs études à l’Université du Québec à Chicoutimi: Julien Boily, Étienne Boulanger, Noémie Payant-Hébert et Sonia Boudreau. Un séminaire ayant eu lieu à l’université pendant l’été 2005, à l’organisation duquel participait Sonia, a permis aux artistes de concocter un projet qui aura beaucoup impressionné.
"Un jury avait été formé, dont deux personnes représentant les Jardins de Métis, et d’autres personnes de la clique artistique d’ici, raconte Étienne. Toutes les maquettes devaient être exposées à Métis, au mois d’août d’après. Le jury a sélectionné notre projet, le jugeant pertinent." L’intérêt suscité par le projet a finalement conduit à sa réalisation grandeur nature, cet été.
"On a eu un an pour travailler, créer la balançoire, mentionne Noémie. À l’automne, celle qui était la quatrième membre de notre équipe a eu des problèmes de santé. Comme on savait que Sonia était au courant depuis le début de notre projet et qu’elle était intéressée à s’impliquer, on l’a invitée à travailler. C’est là qu’on a formé le collectif officiel de Cédule 40." Le nom du collectif est inspiré de l’expression utilisée pour désigner l’épaisseur des tuyaux utilisés pour la création de leur oeuvre gigantesque.
Le projet, intitulé Sous-terrain de jeu, prend la forme d’une balançoire, dont la structure a une hauteur de plus de six mètres. Lorsqu’un visiteur l’utilise, s’enfonçant dans une tranchée tapissée d’herbe, il actionne un mécanisme permettant à deux silos de projeter des graines de lin et d’orge. Les semences germent et croissent déjà densément autour de la structure colorée. On a ainsi métissé deux mondes qui ne se côtoient habituellement pas: le parc urbain, plus ludique, et la production agricole rurale. "On a travaillé beaucoup avec l’esthétique agricole, explique Noémie. Ça nous a plu, et ce n’est pas quelque chose qui est utilisé beaucoup en art. Ça développe un langage artistique qui est original, hybride…"
Plusieurs collaborateurs étaient nécessaires pour que se réalise ce projet d’envergure: ingénieur, ferblantier, soudeur, etc. Plusieurs auront sourcillé, les plus polis accueillant souvent les quatre artistes d’un sourire en coin. Il fallait réussir à convaincre que ça fonctionnerait…
C’est l’ingénieur Louis-Marie Gauthier qui a vérifié tous les plans. Selon les artistes, sa sensibilité pour les arts et son dévouement ont fait de lui l’ingénieur parfait pour les accompagner dans cette grande aventure. "On ne sait plus comment le remercier. Son travail était bénévole, et ça représente plusieurs heures", mentionne Sonia. Du même souffle, Noémie renchérit: "Il y a plusieurs personnes qui ont agi bénévolement pour nous aider. Il y a aussi Maxime Laforest, un soudeur, qui a travaillé je ne sais combien d’heures… Une trentaine, peut-être!" Ce dernier semble avoir apprécié particulièrement le défi puisqu’il a offert son aide au collectif pour les projets à venir…
Il pourrait arriver que Sous-terrain de jeu soit encore exposé l’été prochain. Parmi les aspects évalués, il y a la réception des visiteurs, qui sont invités à voter pour leur aménagement de prédilection. Même si rien n’est gagné pour Cédule 40, Yvan Maltais, directeur technique des Jardins de Métis, avoue que la plupart des gens sont très enthousiastes lorsque les aménagements sont interactifs. Au passage du Voir dans les sentiers des Jardins de Métis, aucun visiteur n’est resté indifférent devant cette structure immense, les gens se montrant la fois amusés et impressionnés. Des vacanciers de tous les âges se laissent séduire par la balançoire, qui fonctionne à plein régime, à un point tel que, à peine un mois après le vernissage, elle arborait les traces d’une usure révélatrice de l’engouement qu’elle provoque. Ça augure bien pour nos artistes…
Sous-terrain de jeu pourrait même être appelé à voyager. En effet, la rencontre de différents concepteurs venant des quatre coins du monde lors du festival a permis aux quatre artistes de croire à l’éventualité de l’exposer pour d’autres événements internationaux. L’oeuvre a d’ailleurs été conçue de façon à pouvoir être démontée comme un casse-tête – à condition d’avoir une pelle mécanique et un camion-remorque disponibles…