La Maison dans l'arbre : Folie des hauteurs
Arts visuels

La Maison dans l’arbre : Folie des hauteurs

La Maison dans l’arbre est l’occasion pour Jacques Bilodeau, Michael Carroll, Michael A. Robinson, NIPpaysage, AMMA et plusieurs autres de présenter leur version de la cabane dans l’arbre.

Voici une exposition ayant pour thème les cabanes dans les arbres, que l’on construit pour le bonheur des enfants. On pourrait croire qu’il s’agit d’un événement estival autour d’un sujet plus léger, simplement pour attirer le grand public… Pourquoi pas, après tout? Or cette petite structure se révèle être plus intéressante que ce que l’on pourrait penser.

Pour les architectes, elle est un prétexte afin de réfléchir à de nouvelles formes architectoniques sans avoir trop de contraintes fonctionnelles à respecter. À l’opposé, pour les artistes, la cabane se révèle une exigence les forçant à dialoguer (postmodernité oblige) avec une forme ayant déjà une identité particulière. Finalement, c’est une forme riche en potentiel et qui a de quoi fasciner tous les créateurs. On se rappellera d’ailleurs comment, dans le même Centre Bronfman, il y a plusieurs années, Patrick Coutu avait lui-même proposé une version merveilleuse de cette cabane (intitulée La Moderne).

Quelles sont les prestations les plus marquantes? La réalisation d’Axel Morgenthaler (artiste multimédia ayant entre autres travaillé comme concepteur d’éclairages) pourra sembler un peu simpliste au départ. Sa branche d’arbre placée dans l’obscurité, sur laquelle il a installé un cocon lumineux, est néanmoins très réussie. Le cocon translucide s’anime de couleurs changeantes et un stroboscope placé dans la pièce déclenche des effets d’éclairs. Toute l’ambiance à la fois inquiétante et rassurante de la cabane, ainsi que toute son atmosphère féerique, y sont concentrées.

La structure de Naomi London, avec ses tabourets vissés dans des endroits bizarres d’une branche, joue elle aussi sur la dualité sécurité/danger de ces cabanes en y traitant également de l’opposition confort/inconfort qu’elles mettent en scène. Le projet de Rachel Echenberg et Sébastien Worsnip est aussi à souligner. La cabane s’y est transformée en bateau dont les voiles couchées servent à protéger du soleil et de la pluie. Une cabane où l’on rêverait de se faire bercer au gré des mouvements de l’air.

Voilà un très joli projet qui mériterait d’être réalisé sur une plus grande échelle, avec des arbres en entier (et pas seulement quelques branches) dans un parc à Montréal. C’était en fait l’idée originale des commissaires Lesley Johnstone, Susannah Wesley et John Zeppetelli. Il semblerait que le Centre Bronfman ait eu quelques problèmes à avoir l’autorisation de la Ville afin d’utiliser la petite forêt qui jouxte ses locaux. Il serait pourtant heureux que dans un proche avenir, cette idée refasse surface et reçoive l’appui des autorités.

De nos jours où l’art public ne satisfait jamais tout le monde, voici un concept rassembleur et de qualité. Une idée pouvant plaire au grand public et fasciner les créateurs de plusieurs domaines ne devrait-elle pas pouvoir se concrétiser avec l’appui de la Ville? Montréal a besoin de tels projets, aussi riches formellement.

Signalons que le 5 août (à 14 h), l’architecte Michael Carroll, de la firme d’architectes Atelier BUILD, fera un tour du Plateau Mont-Royal pour commenter ses réalisations dans ce quartier.
www.saidyebronfman.org

Jusqu’au 10 septembre
À la Galerie Liane et Danny Taran du Centre Saidye Bronfman
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