Andrew Chartier : Laisser parler la nature
Arts visuels

Andrew Chartier : Laisser parler la nature

Andrew Chartier profite de sa résidence au Centre d’arts Orford pour pousser encore plus loin sa réflexion sur le rapport entre la technologie, le corps et la nature. Rencontre avec un artiste environnementaliste à la démarche fascinante.

Qui croise Andrew Chartier sur les terres du parc du Mont-Orford pourrait croire qu’il s’agit d’un scientifique. C’est que l’artiste sherbrookois met au point différentes machines servant à donner une voix à la nature. Ses inventions font dessiner le vent, le soleil et même parler l’eau. "L’idée, c’est de faire une trace par jour par élément", remarque l’artiste qui a passé tout l’été dans un chalet près du Centre d’arts Orford.

Andrew Chartier a aménagé son atelier au premier étage de son domicile estival. Arrivé sur place avec sa production de maîtrise, il s’est laissé inspirer par les paisibles lieux qu’il habite. Il a notamment peaufiné un appareil évaluant le taux d’acidité de l’eau. La machine emprunte les traits d’un canard de chasse téléguidé qui lance des avertissements selon le pH de l’eau. Il a aussi travaillé à une machine dotée de capteurs solaires, dessinant des croquis de différentes intensités selon le degré d’ensoleillement de la journée.

En créant des machines sensibles aux éléments naturels, l’artiste souhaite réconcilier la nature et la technologie. "Je veux démontrer que la technologie peut servir à valoriser la nature", explique-t-il. Andrew Chartier utilise dans son travail au moins 80 % de matériaux recyclés. Les courbes dessinées par le vent sont notamment captées au verso de plans d’architecture. "C’est important pour moi d’avoir cette éthique de travail."

Les gens qui visitent le sentier des arts ont de bonnes chances de rencontrer Andrew Chartier, qui se fera un plaisir d’échanger avec eux sur son travail. "Le porteur du discours, c’est l’artiste. Il ne peut pas toujours penser que l’oeuvre va être comprise."

Au cours des prochains jours, les marcheurs le croiseront peut-être aussi dans les sentiers du mont Orford. C’est que sa résidence se conclut avec une série d’interventions avec capteur de vent en montagne. Andrew Chartier s’est prévu un trajet de cinq à six heures où il arpente les différents sommets du parc du Mont-Orford. "C’est une façon pour moi de manifester contre le projet de développement immobilier", observe celui qui a d’ailleurs intitulé son projet Autopsier le mont Orford. À chacun des sommets, un arrêt est prévu. "Au lieu de prendre une photo, je vais faire un dessin à partir du vent."

Jusqu’à la fin août
Au Centre d’arts Orford