Parisian Laundry : Le vent dans les toiles
À la Parisian Laundry, neuf jeunes peintres sont à l’affiche. Comment va l’art de la peinture au pays ces temps-ci? Couci-couça.
L’art de la photo se porte très bien au pays. Au Québec, la liste de ceux qui utilisent avec brio ce médium est longue (Emmanuelle Léonard, Isabelle Hayeur, Roberto Pellegrinuzzi, Nicolas Baier, Alain Paiement…). Je ne peux en dire autant de la peinture. Soit elle fait dans le figuratif de bon ton et bien fait (avec en prime un petit soupçon de pseudo-surréalisme), soit elle tente de perpétuer une esthétique abstraite, sans pour autant conserver le pouvoir de contestation visuel qu’a eu cette forme d’art.
Étonnante situation, car dans notre pays (comme dans bien d’autres en Occident), l’art pictural fut très longtemps le fer de lance de l’avant-garde et des révolutions plastiques. Il faut dire que sur la scène internationale, la situation ne va guère mieux. Les bons peintres ne sont pas légion. La peinture n’est pas morte, mais elle n’est pas bien forte. Serait-ce qu’il n’est pas facile de surprendre après l’époque moderne et ses monstres sacrés (Picasso, Matisse, Pollock…)? C’est peut-être une explication.
Je me suis donc rendu avec grande curiosité à la Parisian Laundry, évaluer l’expo d’été intitulée Summertime in Paris, consacrée à neuf jeunes peintres québécois et canadiens qui ont le vent dans les toiles: Daniel Langevin a exposé à l’importante Galerie René Blouin et au Symposium de Baie-Saint-Paul; Dominique Goupil est représentée par Simon Blais; Dil Hildebrand est chez Pierre-François Ouellette; Nathan J. Wasserbauer a exposé aux Pays-Bas, en Italie, aux États-Unis; Theresa Sapergia a elle aussi un beau parcours, ayant présenté son travail à Vancouver, Toronto, New York…
Voilà donc une belle idée d’exposition, regroupant des artistes prometteurs. Mais le bilan est malheureusement mitigé. Ce n’est pas que ces peintres n’aient pas de talent, mais pour plusieurs, ils n’ont pas encore tout à fait trouvé leur personnalité. Tel David McMillan, qui, avec ses tableaux couverts d’étoiles et de lignes verticales, fait trop penser à la série des Flags de Jasper Johns.
En fait, dans cette expo, quatre artistes tirent mieux leur épingle du jeu. L’amateur appréciera les abstractions très vivantes de Jennifer Lefort, de Luce Meunier et de Daniel Langevin. Chacun y va de sa manière (Lefort est plus scripturale que les autres), mais les trois semblent aller vers des formes organiques qui sont juste assez inquiétantes pour surprendre l’oeil du spectateur.
C’est sans aucun doute l’Ontarien Peter Hoffer qui domine cette présentation. Je n’aime guère les oeuvres figuratives de cet artiste. Ses paysages, qui furent présentés à plusieurs reprises à la Galerie Simon Blais, donnent trop dans le pittoresque et dans la peinture faussement mal finie (avec des éclaboussures et dégoulinades de peinture très bien placées). Mais quand Hoffer fait dans l’abstraction, il a une grâce certaine. Ses tableaux ont un côté féerique indéniable. Trois oeuvres placées judicieusement sur un même pan de mur (Interm, Current et Place 1) retiendront particulièrement l’attention.
Jusqu’au 2 septembre
À la Parisian Laundry
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