Que nous réserve cette saison? : Automne coloré
Arts visuels

Que nous réserve cette saison? : Automne coloré

Que nous réserve cette saison en arts visuels? Peintures de Girodet, rétrospective multiforme de Rodney Graham, estampes à la Galerie Graff… Que le marathon automnal commence!

EXPLOSION D’EXPOSITIONS AU MBA

Au Musée des beaux-arts (MBA), la programmation de cet automne s’annonce fracassante. Quatre grands événements sont à surveiller.

Côté art contemporain, il faudra évaluer la présentation de plusieurs oeuvres des finalistes de l’important prix Sobey (bourse de 50 000 $ réservée à des créateurs canadiens de moins de 40 ans). Vous y verrez des pièces du trio BGL de Québec, de Steven Shearer de la Côte-Ouest, d’Annie Pootoogook de la région des Prairies et du Nord canadien, de Janice Kerbel de l’Ontario et de Mathew Reichertz des provinces de l’Atlantique. Du 25 octobre au 7 janvier. Le gagnant sera dévoilé le 7 novembre au MBA.

Côté histoire de l’art, trois expos seront incontournables. La rétrospective du peintre français à la fois néoclassique et romantique Girodet (1767-1824), qui s’est achevée en janvier au Musée du Louvre pour être ensuite présentée au Art Institute de Chicago au printemps et au Metropolitan Museum de New York cet été, aboutira finalement à Montréal. Du 12 octobre au 21 janvier. Et puis, il faudra se rendre au MBA pour les gravures du fabuleux artiste symboliste Odilon Redon (du 13 octobre au 14 janvier) et pour une rétrospective de la photographe Germaine Krull qui, au 20e siècle, sut créer une oeuvre résolument moderne (du 18 octobre au 7 janvier). Une saison bien remplie!

RODNEY GRAHAM

La rétrospective de l’artiste vancouvérois Rodney Graham, qui a été présentée en 2004 à Toronto et en 2005 à Vancouver, fut très éclairante. Voici un artiste multidisciplinaire (qui sait utiliser la photo, le film, la musique…) dont les pièces pouvaient parfois sembler inégales lorsqu’elles étaient vues séparément. Réunies, elles annoncent une cohérence et une diversité, un jeu sur le thème et la variation qui est d’une grande intégrité. Parmi tous les événements au Musée d’art contemporain (MAC), c’est celui-là qu’il faut attendre. Du 7 octobre au 7 janvier. Notons que Graham sera présent au MAC lors d’un concert avec The Rodney Graham Band, le 5 octobre.

L’AIR DU TEMPS

Parlant de Rodney Graham, il fera aussi partie de l’exposition collective L’Air du temps montée par la commissaire vancouvéroise Karen Love à la Galerie de l’UQÀM. Love y examine la représentation du temps qu’il fait comme une manière symbolique pour les artistes de parler de préoccupations environnementales, politiques, sociales… Un panorama d’oeuvres réalisées dans les 30 dernières années, dont celles de Marlene Creates, Paterson Ewen, Tania Kitchell, Mark Lewis, Richard Rhodes, Seifollah Samadian, Alan Storey, T et T (Tyler Brett et Tony Romano), Lawrence Weiner et Chris Welsby. Jusqu’au 7 octobre.

LES 40 ANS DE GRAFF

Fondés le 14 février 1966 par Pierre Ayot, les ateliers de gravure Graff fêtent donc leurs 40 ans. Un grand nombre d’activités sont prévues pour célébrer cet anniversaire.

En premier lieu, il faudra aller à la Galerie Graff (fondée en 1980 par Ayot et sa compagne Madeleine Forcier) pour voir l’événement Hyperliens. Cette expo a réuni six duos d’artistes dans la création d’estampes. Avec Gwenaël Bélanger et Marc Séguin, Annie Conceicao-Rivet et Thomas Corriveau, Laurent Lamarche et Claude Fortaich, Raymond Lavoie et Catherine Bond, Christiane Desjardins et Denis Farley, Éliane Excoffier et Peter Krausz. S’ajoutent à cela la projection d’un court métrage racontant l’histoire de cette institution, un projet d’art postal et, dans les ateliers Graff, la présentation de créations récentes des artistes membres… Jusqu’au 7 octobre. Pour compléter cet examen de l’univers "graffien", cette "graffologie", le visiteur ira chez ARPRIM pour y regarder une sélection d’estampes de la collection Graff. Du 14 septembre au 12 octobre.

LES 18 ANS DE CLARK

Quant à lui, le centre d’artistes autogéré Clark fête ses 18 ans. Deux expos collectives y seront à l’honneur. La première, montée par l’artiste Mathieu Beauséjour, célébrera l’énergie de la jeunesse. Dans Teenage Kicks – Ça plane pour moi, les oeuvres traiteront de "la vitalité brute et troublante de l’adolescence". Boum en vue? Avec Jo-Anne Balcaen, Shaun Doyle + Mally Mallinson, Dan Graham, GB Jones, Alain Paiement, Jamie Reid et Stephen Schofield. Jusqu’au 7 octobre.

Puis la peintre Marie-Claude Bouthillier propose la seconde expo de la saison de Clark. Dans Réponse à Zola, elle interroge l’image de l’artiste dans la littérature. Avec Nicolas Baier, Patrick Bernatchez, David Blatherwick, Lise Boisseau, Sylvie Bouchard, Alexandre David, Cynthia Girard, Raymond Lavoie et Francine Savard. Du 12 octobre au 18 novembre.

Nous y surveillerons aussi le passage de l’artiste-performeur français Alberto Sorbelli, qui se représente souvent sous la figure d’un prostitué, et qui viendra parler de son travail les 21 et 22 septembre.

Cette saison "clarkienne" s’achèvera avec le 18e encan du centre, le 9 décembre.

CHRIS MARKER

Il est l’un des réalisateurs mythiques de l’histoire du cinéma. Avec le court métrage La Jetée, conçu en 1962, Chris Marker (né en 1921) est en effet devenu une légende. The Hollow Men est l’une de ses plus récentes réalisations. Partant d’un poème de T.S. Eliot, cette oeuvre parle de guerre et de destruction, mais il s’agit avant tout d’une critique de la passivité des gens qui acceptent n’importe quelles actions de leur gouvernement. Une version de cette création fut présentée au Museum of Modern Art à New York en 2005. Du 16 novembre au 16 décembre, elle sera installée au Centre de photographie actuelle Dazibao. À ne pas rater.

SUSAN HILLER

Artiste anglaise née aux États-Unis, Susan Hiller réalise depuis une trentaine d’années une oeuvre conceptuelle d’une grande richesse. Au Centre Saidye Bronfman, nous pourrons voir une de ses pièces, qui est troublante. Hiller a photographié et répertorié la totalité des 303 lieux qui en Allemagne portent encore dans leur dénomination le signe d’une ancienne présence juive. Ces rues, ruelles, passages, chemins et routes sont comme des fantômes d’une autre Allemagne disparue. L’espace public comme mémoire de l’Homme. Le Projet J.Street sera du 17 septembre au 2 novembre à la Galerie Liane et Danny Taran.