Jennifer Angus : Histoires de bestioles
Jennifer Angus propose, à la galerie Foreman, une exposition qui pique la curiosité et force l’admiration, alors qu’elle a assemblé quelque 5 000 insectes pour former des séries de motifs décoratifs.
La galerie Foreman de l’Université Bishop’s abrite ces jours-ci l’installation Les Instruments de la nature, un labyrinthe imaginé par l’artiste canadienne Jennifer Angus. Les murs extérieurs sont décorés par une multitude de scarabées, de cigales et autres insectes pétrifiés et réunis dans des formes géométriques évoquant des fleurs ou des étoiles. En entrant dans le labyrinthe, les motifs se diversifient. Des images, pour la plupart tirées de livres pour enfants, mettent en vedette des bestioles vaquant à des occupations humaines. Les illustrations sont encadrées par des insectes séchés. Au centre de l’installation, des boîtes mettent en valeur des petites bibittes aux couleurs chatoyantes. Inquiétude et fascination s’entremêlent lors de la visite.
Enseignante en environnement, textile et design à l’Université du Wisconsin, Jennifer Angus a commencé à s’intéresser à la beauté des insectes en effectuant des recherches sur les motifs textiles en Asie du Sud-Est. Aujourd’hui, ils sont partie prenante des installations de l’artiste, qui souhaite en quelque sorte leur rendre hommage. "Les insectes jouent un rôle très important dans la nature, fait-elle remarquer. J’ai déjà lu qu’on doit 70 % de notre nourriture aux abeilles ou aux autres insectes qui ont effectué la pollinisation des fleurs produisant les fruits."
L’idée de se servir des insectes pour décorer des murs est venue après le décès de sa mère. Son père, pour pouvoir vendre la maison devenue trop grande, l’a entièrement fait redécorer. "J’ai trouvé ça très triste, car c’était comme si les souvenirs de ma mère étaient partis", raconte l’artiste, qui a déjà conçu une réplique de la maison familiale. Chaque pièce avait été repeinte de la couleur recommandée par le designer d’intérieur et ensuite décorée par des motifs d’insectes. "Les insectes vivent une vie très courte par rapport à la nôtre. Pour moi, ils étaient comme une métaphore des souvenirs de ma mère."
En assemblant les insectes en motifs structurés, l’artiste souhaite aussi nous faire réfléchir en dressant des parallèles entre l’organisation sociale des humains et celle des insectes.
Jusqu’au 11 novembre
À la galerie Foreman
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