Les Mitosiens : Le peuple de l'air
Arts visuels

Les Mitosiens : Le peuple de l’air

Les Mitosiens, un croisement entre l’homme et l’animal, ont pris possession de l’Atelier Silex. Regard sur la première expo en solo d’Henri Morrissette.

Une fois l’escalier menant à l’Espace 0…3/4 grimpé, les cris inquiétants d’une horde de bêtes servent de mot de bienvenue. Au loin, des ombres sinueuses, des créatures en déséquilibre sur des socles, un sol qui s’annonce glissant. Tous les indices sont là pour signaler au visiteur qu’il se trouve sur un territoire autre que le sien, qu’il doit s’aventurer prudemment sur cette terre inconnue.

Imaginés par Henri Morrissette, les Mitosiens sont des personnages en jute à la géométrie variable. Ils n’ont ni visage, ni détail précis de corps. L’artiste désirait leur donner un aspect anonyme, question de ne pas sombrer dans le quétaine. On ne sait donc pas si on doit les qualifier d’hommes, d’animaux ou d’insectes. Passionné d’escalade, le membre de l’Atelier Silex a imaginé un monde aérien. Aucune sculpture ne touche le sol. "J’ai travaillé beaucoup le mouvement des personnages; ils descendent des socles, ils sont au-dessus de la porte quand on entre. Je voulais les mettre dans des endroits moins classiques", soutient-il. Morrissette a en fait évité de reproduire ce qui l’agace en sculpture.

"Un moment donné, je suis tanné de voir les monuments comme on a près du flambeau, au centre-ville: le soldat ou Jésus. Ils sont toujours super statiques, très figés. Moi, je les imagine qui bougent. La statue fait "Ah! Je suis tannée!" et descend du socle. Après ça, qu’est-ce qu’elle fait? Elle s’assoit à côté? Elle décide de grimper sur le mur?"

L’artiste a pensé chacun de ses personnages en fonction de l’espace. "Je me promenais dans la salle et je me demandais où est-ce que j’en verrais un. Je courbais mon métal – parce que c’est une armature de métal à l’intérieur – et je l’essayais quelque part dans la salle. Il y a des personnages qui ont été mis de côté parce que je trouvais qu’ils ne "fittaient" avec l’ensemble", explique-t-il.

Pour accentuer l’idée d’un territoire propre aux Mitosiens, des sacs de jute recouvrent complètement le plancher de la salle d’exposition. "Ça bouge quand on marche. C’est même un peu dangereux. Bizarrement, tu ne peux pas entrer comme si tu étais dans ton salon. Il faut que tu sois vigilant." Pareil à lorsqu’on s’aventure dans un lieu qu’on ne connaît pas.

Jusqu’au 28 septembre
À l’Atelier Silex
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