Neo Rauch : Figuration abstraite
Neo Rauch, vous connaissez? Peut-être pas… Pourtant, cet artiste allemand est de tous les événements importants sur la scène artistique occidentale.
Né en 1960 à Leipzig, où il continue de vivre et de travailler, le peintre Neo Rauch est une des figures montantes de la scène internationale. Depuis quelques années, j’ai eu l’occasion de voir ses oeuvres dans diverses expositions dont certaines majeures: solo à New York l’an dernier à l’importante Galerie David Zwirner (qui le représente); participation à l’événement Cher peintre à Paris au Musée Beaubourg en 2002 aux côtés d’autres vedettes de la peinture telles que Luc Tuymans, Elizabeth Peyton, Martin Kippenberger; présentation de son travail à la Biennale de Venise en 2001… Pour ceux qui courent les événements internationaux, il est loin d’être un inconnu et son succès semble incontestable. Il faut dire que sa peinture ne manque pas de savoir-faire.
Dans les atmosphères étranges de ses tableaux, où les divers éléments semblent juxtaposés d’une manière décousue, il sait emprunter au surréalisme. Dans son style très BD, il sait à la fois reprendre une certaine esthétique des années 60 (très pop art), mais aussi très années 80. Cette dernière époque semble même évoquée par le petit côté mal peint, mal fini de certains de ses tableaux. Mais il saura aussi plaire à ceux qui aiment que la peinture soit bien faite, "réaliste", puisque ce "mal peint" est aussi ponctué de morceaux plus fins, plus délicatement brossés. Rauch voit même dans sa peinture des liens avec un art plus ancien: "Je suis un peintre romantique, après tout", a-t-il dit.
Le conservateur Réal Lussier a eu raison de permettre aux Montréalais de voir de plus proche le travail de cet artiste qui fait autant parler de lui. Mais je ne suis guère convaincu de la profondeur de la démarche de Rauch. De quoi parlent ses atmosphères oniriques, ces rencontres de diverses sources? Qu’ajoute-t-il à ces époques qu’il reprend? Je ne sais trop. Et puis Rauch se replie trop souvent dans un imaginaire extrêmement personnel, très hermétique, qui limite le plaisir que le spectateur pourra avoir devant ses oeuvres. Il y a dans les images de Rauch une ambiguïté narrative et de sens qui devient vite agaçante. On flaire le truc pictural pour donner une impression de profondeur à un art qui manque de contenu. Mais peut-être s’agit-il d’une peinture figurative purement formelle, où les images ne sont traitées que comme des motifs?
Jusqu’au 7 janvier
Au Musée d’art contemporain
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