Galerie d'art d'Ottawa : Autrement dire
Arts visuels

Galerie d’art d’Ottawa : Autrement dire

La Galerie d’art d’Ottawa présente actuellement deux expositions innovatrices: Cubicules, des membres de Perte de signal, et trois oeuvres de Germaine Koh.

Les membres du centre de production d’arts médiatiques montréalais Perte de signal, qui participent à Cubicules (Jason Arsenault, Myriam Bessette, Alexis Bellavance, Robin Dupuis et Claudette Lemay), se sont tous donné comme mandat de revoir les modalités de perception et de réception d’oeuvres vidéographiques. Leurs recherches ont donné lieu à différentes installations qui réactualisent les qualités intrinsèques de la vidéo, tout en forçant le regard du spectateur à s’impliquer activement au sens de l’oeuvre.

L’installation de Myriam Bessette, Flagelles (2005), démontre bien ce déplacement du regard trop souvent figé devant des oeuvres vidéographiques. Dans un clapier sur le sol, des images tournent et forment une figure en raison d’un mouvement de tourbillon. L’image vidéo, étant déplacée, devient beaucoup plus sensible pour le spectateur qui circule autour.

De son côté, Claudette Lemay propose une exploration ludique et poétique d’un paysage avec l’installation Jardin (2005), dans laquelle une vidéo se trouve miniaturisée à l’intérieur d’une maquette de maison en verre dépoli. Pour voir les images vidéo, le visiteur doit se prêter au jeu et regarder dans un petit trou percé sur le toit. Notre position peu commune participe à l’élaboration du sujet de l’oeuvre de prime abord intime.

C’est grâce à autant de dispositions que les oeuvres de Perte de signal réussissent à décaler notre regard du plan sémiologique de la vidéo.

Dans les autres salles, on nous présente le travail de la Canadienne Germaine Koh, une artiste conceptuelle interdisciplinaire reconnue internationalement pour son travail, qui explore le sens des gestes quotidiens, des objets familiers et des lieux communs. L’installation la plus imposante de l’exposition, (2000), prend une salle entière. Là, un système mécanique récupère sur le plancher, puis projette dans l’espace de la salle grâce à une tuyauterie située au plafond, une pluie de minuscules billes à roulement. Quoique très conceptuelle, cette oeuvre reprend l’idée de la chance, la contingence dans l’espace quotidien.

Une autre installation plus récente de Koh, Le Pouvoir du beau temps (sol:lux) (2005), met en relief une relation certaine entre l’intensité de la lumière du jour et celle de l’éclairage de la salle d’exposition. Cette recherche conceptuelle remet en question l’hégémonie de "l’espace d’exposition moderniste".

… de Germaine Koh (2000). Installation à roulement, mécanisme électrique, rail de vinyle

Si les oeuvres présentées dans ces deux expositions peuvent être perçues comme les manifestations de démarches artistiques personnelles des artistes, nous remarquons une tangente commune. Elles viennent nous placer dans une action d’interactivité sans manifester d’impératif en ce sens, elles détournent nos habitudes de perceptions devant les mises en situation qu’elles créent.

Leurs grandes qualités semblent résider dans leur aboutissement tant revendiqué depuis les tenants de l’avant-garde du début du siècle, soit participer à l’environnement quotidien sans en être diminué sur le plan artistique.

Les oeuvres dans cette exposition sont sensibles et poétiques, mais surtout intelligentes quant aux issues conceptuelles pour les arts médiatiques.

Jusqu’au 22 octobre
À la Galerie d’art d’Ottawa
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