Le Centre Clark : Énergie brute
Le Centre Clark fête ses 18 ans. Une galerie qui ne s’endort pas sur ses succès passés et où l’art continue d’interroger le monde contemporain.
Nicolas Mavrikakis
Ça bouge chez Clark. Ça tressaille même. Ça frémit, ça bondit, ça saute, ça sursaute, ça s’éclate… Et pour cause, puisque cet important centre d’artistes présente une expo sur "la violence inéluctable et l’extase de l’âge ingrat". Dans une belle mise en abyme, pour fêter les 18 ans de cette galerie, l’artiste et commissaire Mathieu Beauséjour a monté l’événement Teenage kicks – Ça plane pour moi. Une occasion d’interroger notre façon de représenter l’adolescence et son énergie sans limites. Une manière de montrer que cette galerie ne s’embourgeoise pas…
Voilà une belle chance de revoir une immense photo d’Alain Paiement, intitulée Local Rock (montrée en 2002 à la Biennale), exhibant un groupe de jeunes musiciens en train de répéter avec grande intensité dans un petit studio dont ils semblent littéralement faire exploser les limites. Vous y verrez aussi des oeuvres tout aussi énergisantes de Stephen Schofield, GB Jones, Jamie Reid, Shaun Doyle et Mally Mallinson…
Mais une des pièces centrales de cette présentation est le vidéo de Jo-Anne Balcean, intitulé Screaming Girls. Comme son nom l’indique, il donne à voir des jeunes filles qui crient à s’en décrocher les amygdales, à s’en faire cracher leurs poumons et à faire exploser leur soutien-gorge… Ces femmes ne sont pas en train de manifester pour une cause. Elles sont en train d’assister à des spectacles des Beatles et d’Elvis Presley. Balcean utilise des archives dont elle ne nous montre que les passages où ces femmes sont au bord de la crise de nerfs. Et à force de ne pas voir les chanteurs auxquels ces groupies adressent leurs cris, le spectateur se demande ce qu’elles font… Ces femmes haletantes, les cheveux en bataille, le corps secoué de convulsions, nous disent une énergie annonciatrice de la révolution sexuelle et sociale à venir et qui balayera les années 60 et 70. Elles nous disent aussi comment les jeunes femmes, elles aussi, peuvent être possédées à l’adolescence par une énergie fabuleuse. Dans nos sociétés qui ont beaucoup valorisé l’énergie créatrice des jeunes hommes, voilà qui tient presque du manifeste féministe.
À voir: le site de la galerie, www.clarkplaza.org, et le site de Shaun Doyle et Mally Mallinson, doyleandmallinson.com.
Jusqu’au 7 octobre
Au Centre Clark
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