Les Fils du temps : Lyrisme de la plénitude troublée
Arts visuels

Les Fils du temps : Lyrisme de la plénitude troublée

L’exposition Les Fils du temps, de l’artiste licier Marcel Marois, impose le respect et la contemplation. Rêver la vie autrement, exprimer la turbulence de l’existence, voilà les leitmotivs d’un homme parmi les grands.

Si on le dit grand, c’est parce que cet artiste, né à Saint-Éphrem-de-Beauce en 1949 et qui vit et travaille à Québec, a déjà écrit plusieurs pages de l’histoire de l’art québécoise de par sa production (ses oeuvres font partie des grandes collections canadiennes et étrangères, et ses tapisseries se sont retrouvées dans les plus importantes expositions collectives nationales et internationales), de par ses distinctions (membre de l’Académie royale des arts du Canada, prix du Central Museum of Textiles en Pologne, prix Saidye-Bronfman, etc.) et, évidemment, de par son incontestable talent.

Et il en faut du talent pour être capable de créer ce que Marois nous présente au centre de diffusion en métiers d’art MATERIA sous le commissariat de Mona Hakim. En fait, au-delà des prédispositions intrinsèques du tapissier – c’est-à-dire du tisserand qui modèle et qui peint – et de la patience inhérente à cette pratique artistique, c’est surtout la technique de haute lisse utilisée qui impressionnera à coup sûr le visiteur averti. Explications pour néophytes.

Le métier de haute lisse ressemble au métier de basse lisse, en ce sens que le premier est composé comme le second de deux cylindres en bois disposés parallèlement, qu’on nomme ensouples, et qui sont maintenus horizontalement à environ un mètre l’un de l’autre par de solides traverses fixées au sol et qui reposent sur des montants, que l’on appelle bâti. Or, ce qui différencie la technique de haute lisse par rapport à la technique traditionnelle du métier à tisser (basse lisse), ce sont les ensouples établies en hauteur, l’une au-dessus de l’autre, et qui reposent par conséquent sur un bâti vertical assez élevé. Les lisses (série de bouclettes de fil, suspendues à deux lamelles de bois et dans lesquelles ont été passés, un à un, tous les fils de la chaîne), au lieu de prendre sous les fils de la chaîne, et par la suite au-dessous du tapissier, sont placées au-dessus de lui. Elles ne correspondent plus à ces lamelles placées sous les pieds de l’artiste – qu’il devait auparavant manipuler – mais à de légers cylindres de bois, libérant ainsi ses pieds, ce qui complexifie la tâche des mains et donc augmente le coefficient de difficulté.

C’est pourquoi, en regardant la grandiose tapisserie des Phoques en phase d’altération ou la magnificence du tissage de Miroirs-turbulences, il ne faut pas seulement observer la beauté du message, la qualité des couleurs et la clarté du propos, mais admirer particulièrement la très grande maîtrise technique de notre génie chéri de la tapisserie.

Jusqu’au 19 novembre
Au centre de diffusion en métiers d’art MATERIA
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