De Caillebotte à Picasso : De l’impressionnisme au cubisme
L’exposition De Caillebotte à Picasso. Chefs-d’oeuvre de la collection Oscar Ghez est plus que parfaite: colorée, didactique, inspirante, enrichissante… Mille fois bravo!
Bravo au Musée national des beaux-arts du Québec d’avoir réussi à faire venir pour la première fois en Amérique les plus belles peintures de la fin du XIXe et de la première moitié du XXe siècle amassées par un collectionneur de génie, qui n’a jamais écouté que son goût. Oscar Ghez n’est pas un excentrique, même si sa collection est une des plus importantes d’Occident! C’est juste qu’il avait les moyens de ses ambitions, après avoir fait fortune dans l’industrie très lucrative, s’il faut en croire la valeur de sa collection, du caoutchouc. C’est son fils qui a pris la relève et qui fait parcourir le monde aux chefs-d’oeuvre des impressionnistes Caillebotte, Corot, Manet et Renoir, des néo-impressionnistes Luce, Cross, Angrand, des fauves Manguin, Valtat, Kisling et des cubistes Segal, Lhote, Lempicka et autres Steinlen, Garbari, Chéret et Bottini de la collection.
Justement, selon son fils, Claude Ghez, "c’est une collection qui rassemble les grands courants de sensibilité des artistes qui émergent de l’académisme du 19e siècle, qui utilisaient de nouvelles techniques, et qui ont été obligés de vivre ensemble en exilés". Exilés, évidemment, à Paris, qui fut à cette époque le centre artistique du milieu de la peinture. D’ailleurs, la thématique de l’exilé, dont Le Juif errant de Chagall est la plus belle expression, est abordée subtilement, avec délicatesse. Or, au-delà du déracinement, il y a aussi la vie parisienne, celle de la débauche hédonistique et aussi des revendications sociales, des amours impossibles ou consommées avant l’heure, de la pauvreté, de l’effervescence artistique de la Ville Lumière au tournant du siècle.
Cette exposition se veut, finalement, un regard rétrospectif sur l’histoire de l’art du XXe siècle, de la merveilleuse composition du tableau de Caillebotte Le Pont de l’Europe (1876) au trait puéril et enfantin de L’Aubade de Picasso (1965) – tout simplement délicieux -, en passant par les couleurs flamboyantes des fauves et la tranquillité du propos de L’Attente au bar – Portrait de Sarah Bernardt (1907). On saute d’une salle à l’autre avec une telle joie qu’il est difficile de la contenir ou de ne pas faire de "lapsus freudiens" quand on arrive devant les peintures de Foujita, inspirées par l’école de Paris, ou devant les innombrables nus. Et oui, le nu était à la peinture de l’époque ce que l’abstrait est aujourd’hui à l’art contemporain, à savoir une pratique obligée. Mais Oscar Ghez va voir plus loin que les pratiques, que le goût d’antan pour les nus; il n’écouta que son instinct, à nous de le suivre…
Jusqu’au 7 janvier 2007
Au Musée national des beaux-arts du Québec
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RETOUR SUR L’ÉVÉNEMENT DSM-V+
Une erreur de formulation pouvant prêter à confusion s’est glissée dans l’article L’Art comme catharsis de notre dernière édition. En effet, c’est Avatar qui assurait la direction artistique de l’exposition Espace bidules et non pas le Musée de la civilisation.
Profitons-en pour souligner le travail exceptionnel des organisateurs de cette rencontre internationale. Merci à Folie/Culture, au centre VU, à Engramme, à Avatar et au Musée de la civilisation d’avoir fait en sorte que les arts visuels aient pu se déployer avec toutes leurs splendeurs.