Kate Barry : Iconographie et camionnage?
Kate Barry réinterprète le corps de la femme tel qu’il figure sur les garde-boue des camions, symbole fétiche de la sexualité, du pouvoir et du désir.
La galerie Pukka présente Mud Flap Girl, une exposition des oeuvres récentes de l’artiste Kate Barry, regroupant dessins à l’encre de Chine, tapis bouclés avec de la laine ou des cheveux et même une oeuvre peinte directement au mur avec des bâtons de rouge à lèvres!
Qui n’a pas un jour croisé ces nombreux camions arpentant les autoroutes, ces fameux "18 roues"? Les fiers propriétaires de ces géants de la route redoublent parfois d’ingéniosité afin de personnaliser leurs véhicules, à l’aide de peintures à l’aérographe, d’inévitables dés en peluche et enfin, de garde-boue ornés de représentations de femmes fatales. Kate Barry se dit obsédée par ces silhouettes qu’elle associe à de nombreuses allégories de notre société, dont le culte de l’automobile, la haute couture, le monde hip-hop et le marché de la sexualité.
Le corps de la femme, ainsi transposé en objet par sa simple silhouette, se transforme en une effigie que l’artiste tend à déconstruire et à subvertir en y adjoignant des objets tels des organes internes ou un squelette. Le délicat contour du corps constitue alors la coquille renfermant les organes, la tridimensionnalité de la personne. Kate Barry ajoute: "Ces symboles sont autour de nous et il en existe tellement qu’ils deviennent "naturels" et nous renvoient l’image du jeune et maigre corps de la femme idéale." Ayant recours à des techniques traditionnellement féminines, tel que l’illustre le grand tapis bouclé, l’artiste récupère alors la symbolique pour la repositionner dans l’histoire de la femme. "Mon art est politique. Mes recherches concernant l’utilisation du corps de la femme m’ont poussée à utiliser mon propre corps dans mes oeuvres", explique Barry, discutant de la pièce tissée avec ses propres cheveux.
Mud Flap Girl with Organs de Kate Berry, 2005, encre sur papier. |
Les oeuvres de Kate Barry prennent racine dans un courant esthétique pop et la culture urbaine très en vogue mais ne poussent pas la réflexion bien au-delà des clichés habituels. Reste que l’exposition est solide et que l’artiste est à suivre!
PETITE GALERIE, GRANDE VISION!
La galerie Pukka est située au 430, Parkdale, dans un ancien garage situé à l’arrière d’une maison. La propriétaire de la galerie commerciale, Julia von Hahn, n’est pas une artiste mais a toujours désiré s’impliquer au sein de la communauté artistique. La première galerie a donc été fondée au mois de juillet 2004, au premier étage de sa résidence, et les expositions défilaient de façon irrégulière. La nouvelle galerie, ayant ouvert ses portes en septembre 2006, consiste en une toute petite pièce au look très contemporain. La propriétaire s’est fixé pour but de réaliser des expositions originales et qui peuvent parfois déranger. Depuis quelques années, Pukka propose surtout des oeuvres d’artistes locaux: on a pu admirer le travail d’artistes tels que Kenneth Emig, Gary Goodacre, Uta Riccius, María Lezón et Carl Stewart.
Les heures d’ouverture sont très limitées: de midi à 17h les fins de semaine seulement. La galerie Pukka fait partie d’un quartier en pleine ébullition: prenez le temps de découvrir les petits bijoux qui se cachent un peu partout et qui nous arrivent par le travail acharné de quelques individus passionnés et passionnants!
Jusqu’au 29 octobre
À la galerie Pukka
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