Éden, soins palliatifs : Fleurs de goudron
Dans Éden, soins palliatifs de Mélanie Bédard, la nature et la culture s’interrogent.
Difficile de noyer les paysages de l’enfance dans ses souvenirs; ils remontent toujours à la surface. Mélanie Bédard a grandi à Sainte-Marthe-du-Cap, dans un secteur farci d’arbres. À Québec pour compléter un baccalauréat en arts visuels, elle a un jour senti le vide que créait son manque de grands espaces à l’intérieur d’elle. Dès lors, la jeune femme a orienté son travail plastique vers le parallèle qui existe entre la nature et la culture.
"Je suis intriguée par les décisions en urbanisme, par ce qu’on fait avec la nature dans la ville. On installe un parc à un endroit alors qu’au même moment on en détruit cinq autres. On détruit des forêts, on construit. Après ça, on détruit toutes les bâtisses, puis on met un parc… C’est une roue qui tourne: béton, nature", soutient-elle. Son installation Éden, soins palliatifs, qui allie la vidéo, la photographie et la sculpture, témoigne de ces cycles. Elle consiste en une arche tapissée de clichés, un court film réalisé autour d’une flaque d’eau et des plantes en goudron et en béton. "L’idée de départ, c’est de photographier une serre – finalement il y en a plusieurs -, de la découper et, dans l’espace de l’exposition, de refaire sa structure, de la reconstruire."
L’artiste raconte que ses sculptures aux courbes végétales lui ont donné du fil à retordre, car elle ne voulait pas imiter le béton avec de la peinture grise. "Ça a été une longue aventure de tests, se rappelle-t-elle. Puis, je me suis inventé un béton rempli de colle, super liquide comme de la crème. Je trempais des plantes. Au début, j’ai essayé des plantes en plastique – je n’ai quand même pas pris de vraies plantes! -, des plantes en tissu… Mais ça ne collait pas. Ça s’écaillait. Finalement, j’ai dû fabriquer chacune des feuilles, chacune des tiges."
Bien qu’on n’arrive à savoir exactement pourquoi, Éden, soins palliatifs attire dès le premier regard. Mélanie Bédard a, quant à elle, sa petite idée sur le sujet: "Il y a un côté trash dans ce que je fais: la plante figée, noire ou grise. Je trouve ça drôle, quand j’ai exposé à Matane, je me suis rendu compte que ça plaisait à tout le monde. Peut-être le large sujet: la nature."
Jusqu’au 16 novembre
À l’Atelier Silex
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