Louis Godbout, Martin Simard : Composer l’espace
Louis Godbout et Martin Simard, deux artistes dont les recherches actuelles se situent entre la poésie et la science, exposent au Café Aux Quatre Jeudis.
Louis Godbout décrit sa démarche de la même façon qu’un scientifique décrirait la sienne: il tire des photographies (l’échantillonnage), transforme les images numériques (procédé de recherche, l’expérience) et les imprime (les résultats). Pourtant sa méthode n’est pas aussi simple que ça. Tout en demeurant très lucide devant cette dernière, Godbout en cerne bien des facettes équivoques: "Je ne suis pas photographe: les pixels sont mes encres et mes huiles, les fichiers, ma palette. Pourtant, je ne suis pas peintre non plus."
Le travail de Godbout est davantage lié à la sculpture. En employant des termes tels que "soustraction" et "ajout de matière", il fait plus qu’effleurer l’idée. L’intervention sur l’image numérique, sur les pixels, il la conçoit comme un processus proche de la sculpture qu’il nomme "pixologie". "De ma photo originelle, je défriche le superflu en même temps que j’amplifie l’incontournable. J’épure et je renchéris. Je découvre. […] Je cherche à raviver, à soigner ce que la nature a d’inscrit ou plutôt, de coincé en elle. Bref, je suis pixologue!"
Ainsi perçue, l’image numérique, grâce aux pixels, offre une troisième dimension, certes infime, mais ça demeure tout de même un espace réel malgré sa taille. Car au pixel, soit le plus petit élément constituant d’une image numérique (sa définition), s’ajoutent la profondeur, un nombre de couleurs et les couches alpha (transparence possible), qui viennent donner du volume à chaque pixel.
Ici, une description d’une oeuvre de Godbout serait souhaitable, mais représente malheureusement une tâche beaucoup trop ambitieuse puisque nous n’arriverions qu’à en cerner une image très sommaire. Nous devons tout simplement voir les images de Godbout afin de mieux saisir la pixologie.
Géo-corps de Martin Simard |
Le Corps en géométrie, les toiles de Martin Simard, abordent la sphère scientifique d’une tout autre manière. Ces tableaux formalisent une méditation sur le corps dans l’espace. Les recherches de Vitruve et de Léonard de Vinci viennent à l’esprit dès que nous les voyons. Dans ces tableaux de Martin Simard, les corps servent comme pour eux d’origine aux formes abstraites ou aux schémas architectoniques qu’il en déduits. La démarche plastique de Simard demeure actuelle, qu’il soit question d’intervention sur la surface du tableau ou tout simplement parce que ces notions continuent d’être centrales pour l’architecture aujourd’hui.
Notons qu’en 2004, Martin Simard a remporté le Prix artiste de la relève aux Culturiades de la Fondation pour les arts, les lettres et la culture en Outaouais et que Louis Godbout y est finaliste dans la catégorie des arts médiatiques pour une deuxième année consécutive.
Nous pouvons voir les oeuvres des deux artistes au Café Aux Quatre Jeudis jusqu’au 4 novembre. Louis Godbout présentera de nouveau son travail à la Galerie du Théâtre Centrepointe d’Ottawa du 12 janvier au 14 février 2007.
Jusqu’au 4 novembre
Au Café Aux Quatre Jeudis
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