Bestiario : La quête de la beauté
Avec Bestiario, production de la compagnie Instant Zéro, Marie Dumais nous convie à une odyssée contemplative au pays des insectes.
Sur les traces de Javier Tomeo, auteur du recueil Bestiario qu’elle a adapté, en partie, pour la scène, Marie Dumais nous dévoile quelques secrets du tout petit peuple des insectes. Sur fond de voiles tendus, la comédienne, également metteure en scène, apparaît, être chimérique, mi-papillon, mi-humain, dans un costume et un maquillage (peinture corporelle de Nathalie Simard) impressionnants. Cet être léger, au ton candide, devient notre guide chez les insectes, nous les présente, en une vingtaine de brefs tableaux, nous raconte leur évolution, s’émerveille avec nous de leur beauté.
Ainsi, chaque insecte apparaît dans une courte scène, devenant symbole, image, personnage: l’escargot espère, la puce d’eau craint la mort, l’araignée réfléchit, le lombric sème la vie… Autant de réflexions, autant de motivations imaginées par Javier Tomeo au comportement des insectes, par la magie de l’anthropomorphisme. Intéressants et pleins d’information, les tableaux, éblouissants, parfois pleins d’humour ou même touchants, nous font voyager dans un monde étonnant. Le temps, l’espace, les objets: tout y a des proportions qui nous sont étrangères. En résulte un voyage dépaysant, mystérieux et surtout, plein de poésie. On en revient fasciné par la persévérance, la beauté de ces êtres si anciens, et par leur pureté, comme venue d’ailleurs.
Pour établir la trame de ce parcours, narrations et portraits présentés par la comédienne, parfois en direct, parfois dans une version enregistrée. S’y greffent les projections magnifiques de Lionel Arnould, fixes ou animées, créant les insectes, suggérant les atmosphères, faisant jaillir couleurs, formes, décors. Dirigées parfois sur le fond, parfois sur la comédienne, ces images transforment par moments Marie Dumais en différents insectes, comme le font aussi les superbes costumes de Janie Gagnon. S’ajoutent à l’ensemble quelques chansons qui, si elles apportent une variation de rythme, semblent plus ou moins nécessaires, n’ajoutant rien de plus à une esthétique autrement très achevée.
Spectacle intéressant, aux images splendides, Bestiario ne ressemble à rien d’autre. Marie Dumais y prouve une fois de plus l’originalité profonde de sa démarche, la minutie de son travail, réalisé ici avec des collaborateurs méticuleux et doués, et son grand talent à débusquer et à faire partager la beauté.
Jusqu’au 19 novembre
À la Caserne Dalhousie
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