Infrasense : Chevaux de Troie
Arts visuels

Infrasense : Chevaux de Troie

L’exposition Infrasense s’arrête à L’OEil de Poisson. Avec cette installation multimédia, Robert Saucier et KIT utilisent l’univers numérique afin de mettre en question le sens du mot "virus".

Virus corporels ou informatiques, bogue de l’an 2000. Qui n’a jamais entendu parler ou lui-même parlé d’un virus? Le fait est tellement rendu courant qu’on a même de la difficulté à penser univoquement le concept. Autrefois, le virus était uniquement un organisme microscopique susceptible de transmettre une maladie. Aujourd’hui, il y a les antivirus d’ordinateurs, les virus informatiques, les bogues ou encore les virus mutants et les guerres bactériologiques.

Mais comment les micro-organismes infectieux s’infiltrent-ils dans nos vies? Pour Robert Saucier (artiste réputé de Montréal et professeur à l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM) et KIT (un collectif d’artistes du Canada, de l’Australie et de l’Angleterre qui pratiquent l’art interactif et mettent en question le dialogue entre Internet et le réel), que Voir a joint par téléphone, les virus s’introduisent de la même manière que ce projet d’envergure internationale qui, "tel un parasite se déplaçant de ville en ville, de pays en pays, agit comme un porteur de virus furtifs. Et bien que l’installation prenne une forme similaire, elle n’est jamais identique, s’adaptant à son lieu de présentation. Elle diffère dans son contenu et possiblement dans la langue utilisée pour s’approcher de son public".

Eh oui, les six chevaux d’aluminium robotisés d’environ un mètre de hauteur et d’un demi-mètre de longueur parlent… et se meuvent, lentement, tout doucement, presque insidieusement, sur des rails. Ils sont programmés par des circuits électriques pour parler plus fort lorsqu’ils rencontrent un des deux "Bogues" (petit parasite métallique de quelques décimètres): "Les Bogues peuvent se promener partout – par opposition aux spectateurs, qui doivent assumer leur rôle, obligés de rester à l’extérieur à cause du périmètre de sécurité érigé autour des chevaux – et ils se promènent un peu partout", nous explique Robert Saucier. L’un d’eux est contrôlé à distance par le public grâce à une télécommande, ce qui rend l’expérience plus interactive et très ludique. On se sent "dans un grand terrain de jeu, où on se retrouve à entendre parler de virus", indique Saucier. On entend plus ou moins les discours que produisent les chevaux lorsqu’ils sont en mouvement, et ce, parce que le son est d’une faible intensité et qu’ils parlent tous simultanément. Il est cependant possible de les arrêter, soit avec le Bogue qu’on contrôle, ou on peut tout simplement attendre qu’un des chevaux s’immobilise à la fin de son trajet. Or, quelles sont ces voix que l’on entend?

Ce sont les nôtres! Dans chaque pays où l’exposition a voyagé, les créateurs ont enregistré les paroles des gens de la région. On a fait la même demande au public de Québec. À nous de nous écouter…

Jusqu’au 3 décembre
À la Grande Galerie de L’OEil de Poisson
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CARNET

ART ACTUEL

En allant se balader du côté de la Grande Galerie de L’OEil de Poisson, on fera d’une pierre trois coups si l’on va voir l’exposition de Louis Fortier, Déroutes quotidiennes, et l’oeuvre vidéographique d’Eugénie Cliche, Red Nickel, à l’Entrée vidéo. Le premier nous présente un projet déformé, manipulé, cloné: une série de têtes en cire, issues du moulage de son propre crâne, accrochées sur les murs. Difformes, ces têtes sont formidablement étranges. En interrogeant l’anatomie faciale, Fortier nous rappelle les limites de notre identité. La seconde nous propose une vidéo de cinq minutes, où l’artiste "tente de dépasser les modes et les époques en réinventant l’histoire derrière les apparences, en recomposant l’image tel un gage de vérité, un complot, une consécration", comme elle le dit si bien.

VOUS AVEZ DIT CHAPELIÈRE?

La preuve que la chapellerie existe encore est la très originale exposition de Mireille Racine, Le Silence des chapeaux. La production de cette artiste impliquée dans le monde du théâtre, où le chapeau a encore une place de choix, est intime et chaleureuse. Mireille Racine transforme les matériaux de nos anciennes modes, en l’occurrence celles des chapeaux, en des oeuvres d’art à part entière. À la Maison Hamel-Bruneau, jusqu’au 17 décembre.