Luc Fournier : Ligne abstraite
Arts visuels

Luc Fournier : Ligne abstraite

Luc Fournier, pour encore quelques jours, nous fait entrer dans la cohue. Rencontre.

Luc Fournier… Le nom dit vaguement quelque chose. Si on ne connaît pas encore l’homme pour ses toiles, on a peut-être déjà mordu à pleines dents dans l’un de ses gâteaux. Car celui qui fait aussi partie de la belle aventure de la galerie Illico avec Louise Blais et Alain Beaupré a d’abord été pâtissier pendant près de 20 ans dans la région de Québec, puis en Mauricie (au Muscadin), avant de se consacrer à la peinture. Sa profession d’origine influence d’ailleurs sa manière d’aborder l’art. D’une voix posée, Luc Fournier explique que ce n’est sans doute pas par hasard qu’il s’exprime dans un langage abstrait. La vie et ses humeurs semblent l’avoir orienté dans cette direction dès son tout jeune âge. Enfant, le peintre se blesse accidentellement à un oeil avec un couteau. Il n’en perd pas l’usage, mais sa vue en est grandement réduite. Dès lors, l’horizon prend une tout autre forme; il est vaporeux, flou, sans contour précis. Et ses oeuvres, de longs traits texturés à l’huile qui rappellent l’image des ondes radio, dévoilent son handicap, sa perception du monde.

S’il a découvert en premier lieu les sculptures d’Alexandre Calder et les corps dynamiques de la peintre Corno, c’est à travers le travail de Pollock et de Riopelle (pendant sa période des grandes mosaïques) qu’il a trouvé une véritable inspiration. Une curieuse corrélation existe entre les techniques des deux maîtres et la façon dont il modèle la matière comme pâtissier. Fournier a beaucoup puisé dans son passé pour sa première série de toiles; il s’est inspiré des mélanges chocolatés pour créer ses palettes de couleurs. Des teintes plus vives sont arrivées par la suite. Dans quelques-uns de ses tableaux, qui sont la plupart du temps de grand format, il pousse même l’audace jusqu’à peindre ou gratter avec des instruments de cuisine. Fournier produit dans des temps records. Il a déjà composé une quarantaine de tableaux en deux mois et demi. Enveloppé de musique – "Quand je peins, ça me prend toujours de la musique", dira-t-il en entrevue -, il laisse la beauté naître sur la toile et elle naît tellement rapidement qu’il ne la déchiffre pas toujours sur le moment. "Je ne suis qu’un spectateur de ce qui se passe dans mon inconscient", glisse-t-il. Ainsi, dans son abstraction apparaissent des souvenirs de voyages, des images de la musique qu’il écoute, des personnages, des mots, des pictogrammes…

Jusqu’au 19 novembre
À la galerie Illico
Voir calendrier /Arts visuels