Mutations errantes : Éloge du vivant

Elle est peintre, sculpteure – c’est elle qui a, entre autres, réalisé Le Quatuor d’airain du Centre des congrès -, dessinatrice, enseignante. Ses oeuvres font partie des plus grands musées canadiens et collections québécoises. Elle a gagné plusieurs prix et reçu le titre français de chevalier des Arts et des Lettres. Bref, c’est une artiste accomplie. Elle nous offre ici un art respirant le mouvement, conséquence de l’errance existentielle.

Errance de la vie, incertitude du mouvement, âmes en devenir, identités transgressées, recherche de sens… voilà autant de concepts interpellant l’artiste, que Voir a rencontrée à son atelier. Elle nous y a expliqué sa démarche, ses questionnements, ses aspirations, son intérêt pour l’art organique, l’art transgressé et l’intégration artistique. En lui parlant, on s’est rapidement aperçu de toute sa vivacité, de toute sa fougue. Vous savez, ce genre de motivations intrinsèques dont les grands artistes sont dotés, ce genre de pulsion créatrice innée, celle-là même qui, lorsqu’elle n’est pas assouvie, nous empêche de vivre, pour reprendre le mot de Rilke dans sa Lettre à un jeune poète.

Vivre pour créer, tel est le leitmotiv du cheminement étoffé de Lucienne Cornet. Et c’est encore avec une violente délicatesse qu’elle partage avec nous, à la galerie Estampe Plus, ses intuitions, ses gestes suavement vibrants, rugissants, sauvages. Esthétique de la vie, sa sensibilité sans pareil prend sa source à même la diversité des matériaux utilisés. Pigments de couleurs chaudes, cuivre patiné, encaustique (procédé employant des couleurs délayées dans de la cire chaude) sur bois et acrylique. Tous les éléments sont réunis afin de nous émouvoir.

Et elles nous émeuvent, les 19 pièces de la série Mutation, soit parce qu’elles captent notre attention, soit parce que leur relief nous attire vers elles. Objets hybrides, toutes les créations de l’exposition servent à exprimer une compréhension, à partager une vision. Vision du monde, vision de la vie, vision de l’infini et du fini. C’est le voyage de l’existence qui nous est offert en condensé. Un voyage à sens unique, fait d’embûches et de bâillons. Heureusement, Lucienne Cornet critique la violence faite à la nature, à l’Homme muselé, et donne une voix à ceux qui n’en ont pas.

Jusqu’au 27 novembre
À la galerie Estampe Plus
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CARNET

PHOTOGRAPHIE DU CARPE DIEM

Les oeuvres photographiques de Richard Baillargeon, artiste majeur de Québec et professeur en arts visuels à l’Université Laval, sont d’un réalisme impressionnant. Pays maya est sans équivoque la meilleure exposition de photographies réalistes présentée à Québec depuis un bon moment. Ces images feront rêver les néophytes tout en rendant jaloux ceux qui pratiquent l’art photographique: composition réussie, lumière abondante, contre-jour d’une qualité que seul le talent peut atteindre. À la Galerie des arts visuels de l’édifice La Fabrique jusqu’au 26 novembre.