L'ATSA : Terre humaine
Arts visuels

L’ATSA : Terre humaine

L’ATSA vient de déclarer l’État d’urgence. Une intervention urbaine qui souligne comment nos pays riches recèlent encore beaucoup de pauvreté.

À notre époque, l’art et la mode sont souvent très interreliés. On est loin de l’art moderne qui choquait les bourgeois. Pensons aux copinages entre la marque Vuitton et l’art contemporain. Il y a quelques années, l’artiste japonais Murakami produisit pour eux un sac très kitsch. Plus récemment, Sylvie Fleury, connue entre autres pour sa sculpture composée d’un sac à main en bronze, a été invitée avec huit autres créateurs (dont James Turrel!) par le couturier Marc Jacobs ("directeur artistique" chez Vuitton) à revisiter des "classiques" de la compagnie…

Même si certains risquent de les trouver complètement out et pas assez branchés, bien des artistes continuent heureusement à s’occuper de vraies questions sociales et politiques. Parmi ceux-ci, il faut souligner la démarche constante et courageuse de l’ATSA (Action terroriste socialement acceptable). Depuis près de 10 ans, le groupuscule artistique fondé par Annie Roy et Pierre Allard tente d’interpeller le public sur de grandes questions écologiques, sociales, historiques et artistiques. Ces jours-ci, ils sont les organisateurs de la 7e édition du mani-festival État d’urgence sur la place Émilie-Gamelin, à la sortie du métro Berri/UQÀM.

Au coeur de cet événement, un Banquet permettant de servir trois repas par jour à des sans-abri (voir notre texte à ce sujet dans le cahier Voir la vie). Au lieu de simplement dénoncer les limites des actions de nos gouvernements envers la pauvreté, l’ATSA a décidé d’agir. À cette nourriture s’ajoutent des dons de vêtements chauds et un dortoir (pour 150 personnes).

L’ART POUR TOUS

L’art ne devant pas être réservé aux riches, toute une série d’interventions théâtrales, de performances, de films et de conférences sont aussi de la programmation, auxquels le grand public est invité. Cette année, l’État d’urgence s’articule autour des "thématiques du nomadisme, de la promiscuité et de la cicatrice". Et pour la cause, l’ATSA a mobilisé une brochette impressionnante d’artistes. Vous y retrouverez les interventions du groupe de créateurs Farine Orpheline cherche Ailleurs Meilleur, de Jean-Luc Soucy, de Pierre Bourgault, de Sylvie Cotton, de Stefan St-Laurent, de Mathieu Carron, de Louis Perron, de Christian Barré, de Jenna Maclellan, de SYNAtelier d’exploration urbaineVictoria Stanton réalisera ESSEN, des performances où, pour montrer notre interdépendance collective, les participants se nourriront les uns les autres. Martin Savoie, photographe officiel de l’ATSA, exposera des images des différentes interventions du groupe.

Des films seront projetés les 25 et 26 novembre, à 23 h. Le premier soir, vous pourrez voir Les Réfugiés de la planète bleue (d’Hélène Choquette et Jean-Philippe Duval), qui traite des 25 millions d’individus qui, en 2003, furent contraints à l’exil ou au déracinement dans des pays aussi divers que les Maldives, le Brésil et même le Canada. Tous les jours, à 16 h, vous pourrez par ailleurs entendre des conférences. Signalons celle de Marie-Michelle Ross, coordonnatrice du Projet Montréal à Médecins du monde, qui viendra parler, le 23 novembre, de ce projet qui permet entre autres "d’améliorer les conditions de santé des populations démunies, itinérantes, marginalisées". www.atsa.qc.ca

Jusqu’au 26 novembre
À la place Émilie-Gamelin
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À voir si vous aimez
Le travail de Raphaëlle de Groot
Les interventions de Martin Dufrasne