Cubicules-décomposés : Images en mouvement
Cubicules-décomposés est une exposition d’arts médiatiques regroupant trois oeuvres d’artistes du centre de production Perte de Signal de Montréal. Tout simplement génial.
Voilà, c’est fait. La première galerie vouée exclusivement aux arts médiatiques vient de voir le jour à Québec. Et c’est grâce à l’audace de la Bande Vidéo qui, après des changements administratifs et des efforts notoires, a transformé un de ses locaux en espace d’exposition.
On ne peut qu’applaudir une telle initiative de la part du centre de création en arts médiatiques de la côte d’Abraham. D’autant plus qu’en invitant trois des artisans du projet initialement baptisé Cubicules – en référence aux espaces contigus dans lesquels les fonctionnaires se retrouvent tous les matins enfermés jusqu’au soir -, la Bande Vidéo ne pouvait pas mieux tomber.
Ils sont polyvalents, articulés. Leur talent n’a d’égal que leur formation; ils ont tous fait leurs études à l’École des arts visuels et médiatiques de Montréal (UQAM). Et leurs installations vidéonumériques sont à la mesure de leur projet. Explications.
Quand ils se sont donné pour contrainte commune de travailler dans de petites structures, Jason Arsenault, président de Perte de Signal – que Voir a joint par téléphone à Montréal -, nous explique qu’ils voulaient tous "travailler l’installation vidéo, non pas comme une projection au mur, mais comme une sculpture, comme un objet vidéo". "On voulait aussi travailler l’image en mouvement à l’intérieur de structures imposant une contrainte spatiale. La particularité du projet est donc qu’on s’est donné des espaces de création contraignants."
Les résultats sont surprenants. Du Reaction Shot de Jason Arsenault, en passant par les Flagelles de Myriam Bessette et le Jardin de Claudette Lemay, on vit une expérience artistique unique qui bouleverse nos a priori sur la vidéo et notre manière de regarder des images et d’écouter des sons. Le but du collectif Perte de Signal est justement de repenser les modes de présentation des oeuvres numériques. Et ses membres réussissent très bien leur pari.
Qu’ils nous proposent une réflexion sur l’expérience du nouveau spectateur et sur la notion de rencontre entre l’oeuvre et celui qui la regarde (Reaction Shot), ou qu’ils nous offrent une danse tourbillonnante d’esquisses numérisées confinées dans un clapier (Flagelles), ou qu’ils composent des images manipulées du corps, rythmées par le son de la voix (Jardin), les membres de Perte de Signal font rayonner cette pratique artistique que sont les arts médiatiques, et lui donnent du panache. On ne peut que lever notre chapeau devant autant d’ingéniosité et de savoir-faire. À voir absolument.
Jusqu’au 17 décembre
Espace d’exposition de la Bande Vidéo
Voir calendrier Arts visuels
CARNET
ECCE ARBORES
Avec l’exposition Des arbres dans la nuit, présentée par le centre VU, l’artiste Jocelyn Philibert donne sa vision de la construction de la réalité. À première vue, on pourrait croire que les oeuvres exposées sont une seule et même image d’arbres photographiés à l’aide d’un appareil photographique muni d’un flash. Mais il n’en est rien; cet artiste montréalais est, avant d’être photographe, sculpteur. Et cela s’exprime cette fois par la construction qu’il fait des multiples prises de vue d’arbres qu’il a saisies pendant la nuit et qu’il a structurées de manière à nous tromper, et ce, en nous faisant croire qu’on regarde une seule photo. En utilisant l’appareil photographique comme un scanner au lieu d’un outil permettant de rendre la réalité par images, Philibert a voulu rappeler la malléabilité de la réalité. Jusqu’au 17 décembre.
SILENCE, ON REGARDE!
Manon Lambert présente, au centre d’artistes en art actuel Regart, son exposition Faire silence. En entrant dans le centre, on reçoit d’emblée des bouchons pour ne plus rien entendre, car la visite doit se faire avec le soutien du silence monastique. L’idée de l’artiste, c’est de nous faire vivre une expérience silencieuse qui a pour conséquence de nous laisser seuls, seuls face à nous-mêmes… L’artiste, s’amusant avec le langage, la photographie, l’installation, nous invite à ne pas faire de bruit et réussit à nous faire oublier la cacophonie des milieux urbains. Jusqu’au 17 décembre.