Dominique Blain : Art éthique
Arts visuels

Dominique Blain : Art éthique

Dominique Blain propose une exposition qui secoue le visiteur par son propos social éloquent à la Galerie d’art du Centre culturel de l’Université de Sherbrooke.

Elles sont rares, mais il existe encore des choses gratuites dont on serait fou de se passer. L’exposition Territoires de Dominique Blain est de celles-là. Établie à Montréal, l’artiste s’est bâti une solide réputation avec ses oeuvres à caractère social, conçues à partir de photos d’archives. Avec son travail, Blain dénonce les injustices, le capitalisme, la domination, la guerre et le racisme… Cela, toujours avec une incroyable finesse, ses oeuvres se voulant autant esthétiques qu’évocatrices.

Mise en circulation par le Musée régional de Rimouski, l’exposition présentée à la Galerie d’art du Centre culturel de l’Université regroupe des oeuvres de 1989 à aujourd’hui. Même si certaines datent de plus de 15 ans, elles traitent toutes d’un propos d’une actualité troublante. Par exemple, l’installation Duty Free, 1989 est constituée de présentoirs de sacs de papier, s’apparentant à ceux qu’on utilise dans les boutiques. Mais au lieu d’un logo de magasin, les sacs sont ornés de photos de travailleurs du Tiers-Monde. Et la photo Lela, 2006 nous montre une petite fille de race noire dont le dos est tatoué de cotes de la Bourse.

La commissaire Jocelyne Fortin a effectué le choix des oeuvres autour de Empty Box, 1989, une immense boîte de bois dans laquelle le visiteur peut pénétrer et voir, d’un côté, une coupe à blanc et, de l’autre, le visage attristé d’une personne qu’on devine autochtone. Dominique Blain dit trouver les photos qui servent ses oeuvres partout où elle met les pieds. "Systématiquement, dans les villes que je visite, j’essaie d’aller dans les librairies de livres usagés." L’artiste, qui a déjà passé quelques jours dans la banque de photographies des Nations Unies à New York, cherche des photos intemporelles, qui ne sont pas nécessairement associées à un événement précis.

En entrevue, on lui fait part de l’ébranlement qu’on a ressenti en sortant de l’exposition. "D’après moi, c’est ce que l’art visuel devrait faire, répond-elle. Souvent, c’est hermétique et parfois, ça prend une certaine connaissance. C’est comme un langage."

C’est en allant s’établir à Los Angeles à la fin des années 1980 que Dominique Blain a vu sa carrière connaître un essor international. "Un vernissage à Los Angeles, ça amène des personnes de partout!" fait remarquer celle qui prépare actuellement une installation sur la Deuxième Guerre mondiale pour une exposition à Bruxelles et répond aussi à plusieurs commandes d’oeuvres d’art intégrées à l’architecture.

Jusqu’au 28 janvier 2007
À la Galerie d’art du Centre culturel
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