(Des) compositions : De l’art contemporain engagé
Avec l’exposition (Des) compositions, Alain Bonder exprime, par une peinture minimaliste, la lutte inégale des faibles vis-à-vis des forts, de l’individu contre la société.
Né en 1976 à Montréal, Alain Bonder vit et travaille maintenant dans la région de Gatineau-Ottawa. Jeune peintre, cet artiste issu du milieu de l’illustration – il possède un DEC en illustration du collège Dawson – exporte le savoir acquis sur les bancs d’école pour l’intégrer à la peinture. Et on peut dire que cela lui réussit bien. Après la 511 Gallery à New York en 2006, la Bienal de las Americas au Mexique (2006), le Toronto International Art Fair (2005) et quelques expositions collectives et individuelles au Québec, c’est au tour de Québec de l’accueillir. Et quelle autre galerie d’art contemporain que Lacerte pouvait nous le présenter? D’autant plus que c’est son pendant montréalais, la galerie Orange, qui lui a donné sa première chance. Et le pouvoir graphique des techniques mixtes fut.
Que ce soit par la composition recherchée de ses toiles, les contrastes des couleurs utilisées, le souci d’équilibre des éléments picturaux, la constance du propos ou la qualité des dessins intégrés, Alain Bonder fait preuve d’une maîtrise technique indéniable et montre sa capacité d’articuler une pensée à travers la peinture. Et pour mieux comprendre, justement, cette pensée et sa démarche, Voir l’a joint par téléphone. Il nous a expliqué que le caractère tape-à-l’oeil de ses toiles avait pour finalité d’"attirer le spectateur et [de] le faire entrer dans [s]on univers. Les éléments étranges éparpillés sur les toiles convergent dans une même direction, [à savoir vers] les relations au pouvoir et l’interaction des individus dans notre société. La corrida, par exemple, devient un symbole des conflits et des confrontations que doit souvent vivre l’homme au quotidien. La toile devient un univers éparpillé de symboles de l’ordre et du désordre, des compositions et des décompositions". "Mes toiles sont inspirées d’images qui m’ont frappé, et comme lorsque j’ai vu un taureau, j’ai été frappé, je m’en suis inspiré."
Et comment ne pas être frappé soi-même quand on prend conscience, par le truchement de la toile très évocatrice Encercler (2006) ou par le découpage en triptyque d’Ajustement instinctif (2006), que la corrida, ce n’est pas un exutoire, mais un abattoir, où tous sont contre un seul?
Alain Bonder ne reste donc pas indifférent devant l’oppression, qu’elle soit pratiquée sur des animaux, sur des esprits ou bien sur des femmes. C’est pourquoi il ne peut s’empêcher de nous dire, de nous partager son refus devant un monde violent. En évoquant l’aberration de pratiques barbares, de toute la souffrance que doivent endurer les individus opprimés par la multitude, il lance un message: et si rien ne justifiait qu’on fasse du mal à son prochain?
Jusqu’au 20 décembre
À la galerie d’art contemporain Lacerte
Voir calendrier Arts visuels
CARNET
À LA DEFENSE DES PLUS DEMUNIS
Boja Vasic et Vessna Perunovich, deux artistes diplômés de l’Université de Belgrade et qui sont installés à Toronto, présentent une exposition de photographies sur le statut social des Roms réfugiés dans la ville de Belgrade. Ce documentaire à la fois photographique et vidéographique, touchant et troublant, montre des images qui parlent par elles-mêmes. Et pour donner encore plus de force à leur message, les artistes ont intentionnellement brouillé les arrière-plans des oeuvres dans le but de refléter l’incertitude de l’avenir des Roms, persona non grata de la vie sociale s’il faut en croire les bidonvilles dans lesquels ils vivent, reclus qu’ils sont dans leur misère. Pour s’en convaincre, il nous suffit de constater l’insuffisance des habitations dans lesquelles ils logent, qui ne sont pas vraiment des logements. Ce sont plutôt des structures de matériaux recyclés à même les ordures d’une société dont les gangrènes de la guerre ne cessent de faire de nouvelles victimes chaque jour. Jusqu’au 17 décembre au centre VU.
INVITATION AU PUBLIC
L’OEil de Poisson présente Dégaminothon les 8 (de 16h à 21h) et 9 (de 13h à 18h) décembre. C’est l’occasion de venir transformer vos vieux vêtements (vous devez apporter votre vétuste t-shirt, ou d’autres morceaux de tissus que vous souhaitez modifier) avec l’aide d’artistes: Rock & Coco, Catherine Hébert, Transistor Design, Avive, Véro Trash, Francis Arguin, Crystelle Bédard, Kathleenkelly, Marie-Hélène Rousseau, Prescription, Catherine Plaisance, Eugénie Cliche, Isabelle Laverdière, et des invités surprises… Accès par le 580, côte d’Abraham.