Expositions de l’année : L’année en portraits
Revue de l’année artistique: c’est le moment de se remémorer les moments magiques, mystérieux ou touchants que nous ont fait vivre les artistes en 2006.
À mon avis, ce qui a démarqué l’année 2006 des années précédentes, c’est la place prépondérante de la photographie dans le paysage culturel de l’Outaouais. Longtemps considérée comme l’enfant pauvre de la culture de la région, elle a fait son entrée "par la grande porte" en 2006. Tout d’abord, La Photographie mise en scène, au Musée des beaux-arts du Canada (MBAC), proposait une impressionnante liste d’artistes, dont Oscar Gustave Rejlander, Julia Margaret Cameron, Lewis Carroll, Cindy Sherman, Jeff Wall, Yasumasa Morimusa, Man Ray et Duane Michals. Ensuite, Sunil Gupta, au Musée canadien de la photographie contemporaine, attaquait le délicat sujet du VIH, et Clive Cretney a révélé ses images aux effluves des années 50 et 60 à la galerie La Petite Mort. Enfin, n’oubliez pas l’exposition de Lorraine Gilbert, à la galerie Karsh-Masson, qui ne se termine que le 7 janvier 2007 et qui nous propose des images tirées des plaines LeBreton.
Le portrait, typiquement peint, n’est plus une simple image mise en scène et documentant passivement un individu: les artistes inventent de nouveaux types de représentations explorant également la construction de l’identité. Ainsi, les frères Jason et Stefan St-Laurent nous ont offert leurs oeuvres photographiques et vidéo faisant un pied de nez au portrait traditionnel et exagérant les stéréotypes de l’homme gai. Aussi, Ross Birdwise présentait quatre vidéos en loop, alignées et simultanées, accentuant les tics nerveux des personnes filmées et remettant en question la validité de l’information contenue dans les images sans mouvement. La galerie SAW a présenté EXIT, une collection significative de vidéos exposant les réalités d’artistes exilés venant des quatre coins du monde.
Hutte indienne, îles de la Reine-Charlotte, v. 1930. Huile sur toile, 101,6 x 82,6 cm. Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. Legs de Vincent Massey, 1968. photo: MBAC |
L’année 2006 a compris son lot d’expositions nous transposant dans un monde de rêve où tout est possible et où la poésie est reine: je pense entre autres à l’exposition de Diane Smith, qui en a épaté plus d’un avec ses majestueux corps sculptés en feuilles de bronze, à Ruel Dechene et à ses enjoliveurs de roue kitsch, scintillants et illuminés de mille feux, à Marc Walter, qui a transformé la galerie Montcalm en un mystérieux îlot sauvage empli de géantes structures composées de branchailles et matériaux trouvés à même la forêt. Dans la même veine, l’installation des oeuvres de Chantal Brulotte au Centre d’exposition l’Imagier créait une envoûtante expérience sensorielle tout en délicatesse, transparence et blancheur. Et que dire de la théâtrale exposition des sculptures-installations de Guy Laramée à AXENÉO7? Empreints d’une atmosphère sinistre et basés sur le livre La Bibliothèque de Babel de Borges, les autels créés à la mémoire et à l’accumulation de la connaissance semblaient donner un aperçu d’un monde énigmatiquement évanoui. Plus récemment, et ce jusqu’au 7 janvier à la Galerie d’art d’Ottawa, les sculptures minimalistes de Deborah Margo sillonnent, le temps d’un bref recueillement, toute la complexité des rapports humains oubliés.
Les grandes expos ne furent pas en reste cette année: la captivante présentation des artefacts de la ville de Petra au Musée canadien des civilisations et la fascinante documentation de la vie et de l’oeuvre d’Émilie Carr présentée au MBAC ont encore une fois prouvé que le public est choyé grâce aux multiples et éclectiques lieux d’exposition, offrant une grande et riche variété culturelle.