Pointe-à-Callière : Les Chants de l'exil
Arts visuels

Pointe-à-Callière : Les Chants de l’exil

Pointe-à-Callière présente une exposition consacrée à cette population qui a habité les rives du Saint-Laurent jusqu’au 16e siècle. Prêtons l’oreille à ses chants anciens.

LE MYSTÈRE

En 1534 et 1535, lorsque Jacques Cartier débarque sur les rives du Saint-Laurent, il rencontre les Iroquoiens. Soixante ans plus tard au même endroit, lorsque vient à son tour Samuel de Champlain, il ne trouve aucune trace des nombreux villages de ces gens pourtant sédentaires. À la place, la vallée est peuplée d’Algonquiens. Aujourd’hui, on ne sait toujours pas avec certitude ce qui s’est passé. Qu’est-il advenu d’eux? Quelles traces ont-ils laissées là où ils se trouvaient? Par l’entremise de quelque 130 objets datant des 15e et 17e siècles, l’exposition Iroquoiens du Saint-Laurent, peuple du maïs nous invite à découvrir ceux qui ont introduit la culture du maïs dans la vallée du Saint-Laurent.

LES PISTES

L’exposition livre les plus récentes hypothèses sur cet épisode important de l’histoire amérindienne. Davantage que des épidémies ou une dégradation des conditions climatiques, la violence des guerres entre les divers groupes amérindiens est à considérer. Plus fréquentes et plus redoutables pour les vaincus du 16e siècle, elles pourraient être à l’origine de la dispersion de ces Iroquoiens. Ces conflits les auraient notamment opposés aux Iroquoiens du Sud, parmi lesquels se trouvaient les Mohawks. Étant donné le type de guerres livrées alors, les populations auraient également pu être intégrées à d’autres groupes. Des cartes nous montrent l’étendue de l’occupation du territoire iroquoien, toujours entouré alors par les plus nombreux Algonquiens. Près de cinq siècles après leur disparition de nos régions, l’histoire de ce peuple nous est présentée par les nombreux artefacts qu’ils ont laissés dans leur sillage.

LES OMBRES DE LA FORÊT

L’exposition s’ouvre entre les palissades d’un village amérindien. Tout autour, la scénographie nous rappelle la lumière et les couleurs des sous-bois. Au moins autant que de leur disparition, l’exposition parle de l’importance de la culture du maïs, raison primordiale de la sédentarisation des Iroquoiens du Saint-Laurent. Les objets nous en disent long sur leur fonctionnement social et la manière dont devait se dérouler leur vie quotidienne. Des bijoux en os ou en coquillages, des parures de bois de cerf, haches de guerre, vases aux motifs typiques, pipes à l’effigie humaine ou animale, harpons et objets marquant des activités ludiques… les artéfacts racontent.

Au centre de l’expo, la reproduction symbolisée d’une maison-longue, type d’habitation où vivaient plusieurs dizaines de personnes organisées par matrilignages. Cartes, maquettes, dessins et explications complètent le portrait de ces gens autrefois installés depuis le lac Ontario jusqu’au Saguenay. On y voit le maïs sous sa forme primitive, le téosinte et ses transformations au fil des millénaires, depuis le Mexique jusqu’ici. Domestiqué et cultivé depuis environ 5500 ans, le maïs a mis beaucoup de temps avant de se répandre vers le nord et atteindre chez nous la latitude limite à laquelle il peut pousser. On comprend surtout à quel point l’introduction de cette plante en Amérique du Nord a changé à jamais les manières de vivre, la démographie, la politique, les systèmes de parenté, et bien d’autres éléments encore.

Pour cette occasion, Pointe-à-Callière a réalisé, en collaboration avec les Éditions de l’Homme, une première publication dans laquelle une quinzaine d’experts font le point sur ce que l’archéologie, l’histoire et la linguistique nous révèlent sur les Iroquoiens du Saint-Laurent.

Jusqu’au 6 mai 2007
À Pointe-à-Callière
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