Sensualité sacrée : Les joyaux d'Éros
Arts visuels

Sensualité sacrée : Les joyaux d’Éros

L’exposition Sensualité sacrée regroupe des artistes de la relève en métiers d’art. Et même si leur pratique artistique n’est pas encore arrivée à maturité, leur projet vaut le déplacement.

De la joaillerie d’art, du textile, de la céramique, de la danse, de la vidéo… Voilà autant de moyens pris par ce collectif d’artistes – chapeauté par Sonia Beauchesne et Karine Rodrigue, deux joaillières de la région de Québec – afin de donner une juste image d’un art méconnu.

Méconnue, la joaillerie? Certes, elle l’est du Québec contemporain, mais il y a pourtant belle lurette que l’Homo sapiens joue avec les métaux, les transforme, les mélange, et se pare de pierres précieuses, d’objets symboliques ou rituels. D’où le caractère sacré qui entoure souvent la démarche des créateurs de joyaux, et qui a sûrement poussé les deux organisatrices à faire de ce thème récurrent dans l’histoire de la joaillerie le leitmotiv de leur exposition. Or, les ornements du corps n’existent pas seulement parce qu’ils permettent d’exprimer des croyances.

Les parures servent aussi, comme on le sait pour l’avoir soi-même vécu, les fantasmes d’Éros. Qui n’a jamais été soudainement atteint d’une pulsion érotique passagère à la vue de personnes portant un collier de perles ou arborant un des grands diamants de ce monde? Il y a quelque chose d’ineffable, de mystique dans la beauté des métaux rares. Pourquoi sinon d’honnêtes citoyens seraient-ils prêts à dépenser des milliers de dollars pour un banal caillou taillé?

Une chose est certaine, les oeuvres exposées au centre Materia ne se destinaient pas au commerce artisanal au moment de leur création, comme c’est le cas habituellement. Les artistes avaient simplement envie de parler de la féminité, du caractère sacré de la féminité à travers le prisme de la sensualité qui se dégage des ornementations du corps.

De la femme enceinte (Gestation) à la femme objet (Lembraço do Carnaval), en passant par les Birmanes (Tabet), la féminité autochtone (Force, Pureté, Légèreté, Stabilité) ou les danseuses de baladi (Chant à la déesse), toutes les oeuvres ont un propos cohérent appuyé par des matériaux hors du commun.

On espère tout bonnement que les Karine Gosselin, Vanessa Lavoie, Katia Martel, Renée Melançon, Valérie Vézina, Kathy Ouellette, Sonia Pelchat et Nicole Parent continueront leur travail d’orfèvrerie. Car, comme le dit l’adage, c’est uniquement après avoir remis cent fois sur le métier leur ouvrage qu’elles ont réussi à nous donner un travail digne d’intérêt. Il ne leur suffit que de poursuivre sur cette lancée.

Jusqu’au 21 janvier 2007
Au centre Materia
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CARNET

L’ART SE POLITISE

Le Musée national des beaux-arts du Québec présente l’exposition Machinations et, en marge de celle-ci, l’oeuvre Monochrome bleu de l’artiste montréalais Michel de Broin. Utilisant la photographie, la vidéo, le dessin, la sculpture, l’installation, les dispositifs cinétiques et les actions dans l’espace public, Michel de Broin s’interroge sur la notion de vérité à travers l’univers de la fiction. Ici, il évoque, par son monumental Engin, les événements du 11 septembre 2001 et notre incapacité à déterminer ce qui s’est réellement passé lors du crash d’un boeing 737 sur le Pentagone. Jusqu’au 15 avril 2007.

Foisonnement des publications en arts visuels

La revue Art Le Sabord vient de sortir son 75e numéro, qui propose une "incursion dans le domaine de l’imaginaire". Quant à elle, la revue Inter, art actuel lance cette semaine son 95e numéro, portant sur les pratiques performatives. Dans la foulée, le centre Engramme publie les actes du colloque L’Estampe contemporaine: La Perméabilité des frontières. Et, finalement, dans le monde très productif des fanzines, notons l’original 13e numéro de Fanzine Bidon. Avec cette édition "spécial mouvement", une trentaine de dessinateurs ont réalisé des cartes postales toutes plus éclatées les unes que les autres!