Pedro Isztin : L'insatiable quête du destin
Arts visuels

Pedro Isztin : L’insatiable quête du destin

À la recherche de son identité, Pedro Isztin a entamé un voyage intérieur qui le mènera aux quatre coins de l’Amérique. Le destin est-il fait de son passé?

L’espace Odyssée de la Maison de la culture de Gatineau présente Destino, une collection des oeuvres récentes de l’artiste Pedro Isztin constituée de photographies prises depuis l’an 2000.

De tout temps, l’être humain poursuit une insatiable quête d’identité: d’où vient-on, qui sommes-nous sur cette Terre et, surtout, où cela nous conduira-t-il? Il y a une quinzaine d’années, Pedro Isztin a entamé un voyage intérieur et physique qui l’a mené au Pérou, au Mexique, en Colombie, aux États-Unis et dans de nombreux autres pays. Il a accumulé une imposante collection d’images porteuses de signification quant aux relations humaines et à la condition humaine.

Né d’un père hongrois et d’une mère colombienne s’étant rencontrés précisément à Pointe-Gatineau, Isztin désirait sonder ses racines latines. Observant plus particulièrement les membres de sa famille, dispersés un peu partout en Amérique, il aura tôt fait de tirer la conclusion selon laquelle les valeurs et problèmes vécus par les habitants de l’Amérique du Sud peuvent aisément se transposer dans tout pays, où qu’il soit, la nature humaine étant par définition universelle. Les personnages sont situés dans leur contexte habituel, sans artifices. "L’important, c’est le feeling, les émotions rattachées aux couleurs, les contrastes et l’obscurité. J’ai toujours été attiré par les émotions que je ressens en présence de cultures telles que celle du Mexique, qui mélange aux rituels les couleurs et textures faisant écho aux sentiments véhiculés. C’est une partie intrinsèque de leur expression."

Stan de Pedro Isztin, Canada, 2004, 22×27 cm. Épreuves à développement chromogène.

Dans la série "Chez soi", Isztin a photographié de nombreuses personnes dans leur milieu de vie, captant l’essence de leur existence sur pellicule. Tantôt épiant une personne itinérante allongée sur une pile de bacs postaux, tantôt contemplant une fillette agenouillée au cadrage d’une fenêtre aux carreaux salis dans ce qui semble être une triste chambre d’hôpital, l’artiste traite son sujet sans complaisance.

La série "Transformation" est particulièrement touchante: explorant les notions d’appartenance et de filiation, le photographe a demandé à parents et amis de dénicher une photographie tirée de leur enfance. Fixée par un ruban à gommer rouge, cette image recouvre une partie du corps des figurants. Une attendrissante image intitulée Octavian comprend le père de l’artiste, au sourire narquois, et son neveu, qui est visiblement étonné de la ressemblance. La complicité est palpable et émouvante.

Malgré une atmosphère nostalgique et même sombre par moments, les images de Pedro Isztin témoignent de son regard attendri, profondément respectueux et encore ébloui par la simplicité des plus petits gestes. Il nous rappelle notre humanité, notre appartenance à une communauté bien plus grande que celle que nous côtoyons au quotidien. Dans ce monde où les différences provoquent trop fréquemment conflits et amertume et où il est si facile d’oublier qu’il est composé en fait d’êtres humains, de familles bien palpables, les photographies de l’exposition Destino nous interpellent et attestent de la beauté et de la fragilité de notre propre existence. En cette nouvelle année qui arrive à grands pas, cette exposition constitue un opportun moment de recueillement.

À noter que cet espace d’exposition n’est accessible que les soirs de spectacles de la salle Odyssée ou sur demande, en appelant au 819 243-2346, poste 2528.

Jusqu’au 18 février 2007
À l’espace Odyssée, Maison de la culture de Gatineau
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