Revue de l'année : Regards croisés
Arts visuels

Revue de l’année : Regards croisés

L’année 2006 aura été marquée dans le monde des arts visuels par de nombreux événements et expositions. On retiendra surtout les bons coups du Musée national des beaux-arts (MNBAQ) et des galeries du complexe Méduse.

MUSEE 2006

C’est incontestablement l’exposition De Caillebotte à Picasso qui restera gravée dans les annales des meilleures expositions d’arts visuels en 2006 à Québec. Cette première présentation nord-américaine de la collection d’Oscar Ghez a renforcé le sentiment déjà passablement bien établi que le MNBAQ avait le vent dans les voiles. Sauf qu’avec tous ces chefs-d’oeuvre réunis sous le toit de l’institution muséale, elle aura permis, en plus d’avoir ravi les spécialistes, de rendre accessible, de populariser en quelque sorte, des moments forts de l’histoire de la peinture européenne des XIXe et XXe siècles.

On se rappellera très certainement aussi des deux expositions du MNBAQ qui ont consacré, chacune à leur façon, le talent de deux artistes d’ici: Libérer la lumière, de Fernand Leduc, et Rêver le paysage, de Clarence Gagnon. Pour rendre un ultime hommage au premier, le MNBAQ s’est efforcé de démontrer comment son oeuvre a été – au cours de sa longue carrière – en constante évolution tout en étant toujours aa xée sur une recherche de la lumière. Et si cette exposition de peintures abstraites a été saluée par beaucoup, c’est parce qu’un des plus jeunes peintres signataires du Refus global a eu une pratique artistique inextinguible. Il exerce toujours sa passion qu’est la peinture à plus de 80 ans.

C’est un peu dans le même esprit qu’on a conçu l’exposition sur Clarence Gagnon. Cependant, les conservateurs ont décidé de faire les choses selon une approche différente que pour Leduc en proposant un design plus didactique: ce qui a donné un juste reflet de son oeuvre. Le MNBAQ voulait ainsi faire honneur à un des premiers grands peintres canadiens à avoir reçu une consécration internationale, d’une part, et, de l’autre, il souhaitait partager l’oeuvre d’un des derniers grands maîtres vivant de la peinture canadienne… Mission accomplie.

GALERIES 2006

Où en serait l’art contemporain à Québec si ce n’était du très éclectique complexe Méduse? Ce haut lieu de la culture a été aux amoureux des arts visuels cette année ce qu’Aristote a été à Alexandre le Grand, à la seule différence qu’ils étaient plusieurs à tenter de nous faire découvrir des artistes et leurs oeuvres. Bref, on a eu la chance d’y voir d’excellentes expositions. On gardera en mémoire l’événement Habiter du centre VU – qui regroupait une foule d’artistes d’horizons divers à qui on demandait d’"investir artistiquement" le centre-ville -, la toute nouvelle exposition que nous avait concoctée BGL à la rentrée, Le Discours des éléments, à l’OEil de Poisson, et qui a surpris positivement les visiteurs par son caractère inhabituel.

Autrement, ce qui aura retenu notre attention plus particulièrement, c’est l’ouverture du nouvel espace d’exposition de la Bande vidéo et la première exposition à y avoir été présentée, Cubicules-décomposés. Dédiée aux arts médiatiques, cette galerie risque de faire encore parler d’elle en 2007, si on s’en tient à la réussite du projet du collectif Perte de signal, venu de Montréal afin de faire vibrer nos yeux aux rythmes des sons de l’imaginaire de Myriam Bessette, Claudette Lemay et Jason Arsenault.

ÉVENEMENTS 2006

L’événement Les Convertibles a été sans conteste le plus gros chantier en arts visuels à Québec. Dix autobus modifiés par des artistes du Québec ont été exposés en face du MNBAQ sur les plaines d’Abraham pendant quelques jours cet automne. Quelle belle initiative!

On s’attendait à plus du 24e Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul. Évidemment, les complications et les tractations administratives n’ont certainement pas aidé la cause du Symposium. La précipitation, conséquence du manque de temps qu’avaient les nouveaux organisateurs, a fait du tort à la qualité de la programmation et à l’organisation des activités. On ne se sentait pas vraiment au Symposium auquel on nous avait habitués. On avait plutôt l’impression d’assister à une transition, une transition entre ce qu’était le Symposium, ce qu’il a été cette année et ce qu’il sera pour le 25e. Même si on ne sait pas encore ce qu’il sera, on espère qu’il retrouvera son chemin.