Sylvain Bouthillette : Ciel éther
Sylvain Bouthillette, inspiré par son expérience de l’univers punk et par sa pratique de la voie spirituelle bouddhique, présente une exposition qui ouvre grand les vannes de la réflexion… quasi méditative.
En art contemporain, on verse fréquemment dans la souffrance viscérale, sacralisant la névrose, mettant en lumière une tragique aliénation. Entrelaçant démarches spirituelle et artistique, ce qui est en soi presque révolutionnaire, Sylvain Bouthillette s’applique plutôt à rendre l’acte créatif positif. Comment la création peut-elle apporter quelque chose à l’autre?
Les pièces présentées pour l’exposition intitulée Blastronaute, à l’OEuvre de l’autre, tirent leur inspiration de l’imagerie du punk et du skateboarding, univers que le parcours de l’artiste a traversé – Bouthillette a été bassiste pour la formation post-hardcore Bliss. Dans la galerie résonne sourdement le timbre grave d’un spoutnik imaginaire, émanant de trois haut-parleurs qui semblent directement branchés dans les hautes strates de la stratosphère. Disposés au ras du sol de façon à étouffer le son, ils donnent au visiteur l’impression d’un ludique voyage astral, comme s’il pouvait participer en différé au recueillement méditatif vécu par l’artiste lors de la création.
Les tableaux disposés en séries dynamiques ont cet aspect bédéesque caractéristique de l’esthétique de Bouthillette, à la fois sombre et badin, aussi improbable que puisse paraître ce rapprochement. La résurgence de certaines images leur donne parfois l’aspect de personnages dont l’image ne pourrait pas être figée, ce qui rappelle les slogans philosophiques qu’on peut lire sur plusieurs oeuvres: "Absolument rien n’est permanent." Chaque fois présenté dans un univers intangible, flottant souvent dans un blanc éthéré, le crâne, entre autres, ni vraiment humain ni seulement animal, semble raconter l’histoire d’une évolution qui ne peut être dissociée de la spiritualité – même si celle-ci est mise à sac à notre époque. L’artiste semble chercher à transcrire dans son travail un moi spirituel, qui ne surgirait que dans l’extase créative, mais n’arrive qu’à montrer sa perpétuelle évolution, son instabilité patente.
Difficile de s’arrêter à une seule lecture des oeuvres de Bouthillette qui, faisant preuve d’un humour sérieux, portent à une intense réflexion. Comme il le mentionne lui-même, en chair et en os comme à travers ses oeuvres: "Réjouissez-vous. Absolument rien n’est permanent. Donc tout est possible." Un message qui vaut le détour.
Jusqu’au 9 février
À l’OEuvre de l’autre
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