Sandra Lachance : Calepins d’une flâneuse
Sandra Lachance est une jeune artiste profondément intriguée par les gens qu’elle rencontre. Ce sont ces moments fugitifs où nos chemins se croisent qui sont à la source de son travail.
Un personnage qu’on soupçonne autobiographique. Une jeune femme, les entrailles ouvertes par l’urgence d’une rencontre. Sandra Lachance sème à tout vent des calepins, comme d’autres effeuillent les marguerites.
Flâner. S’abandonner à l’impression et au spectacle du moment. Prendre conscience de ce qui existe, de ce qui vit. Se laisser rencontrer l’autre, par curiosité, mais aussi pour répondre à ce besoin vital d’être touchée.
Deux paradoxes sont exploités par la démarche de Sandra Lachance. D’abord, l’exhibition de l’intime et du personnel. Chaque calepin laissé sur son passage présente un instantané prosaïque où elle révèle, comme dans un journal intime, ses impressions, ses tentations et ses dérives, toujours à la rencontre d’inconnus qui ont croisé son chemin. Le dévoilement du secret au regard extérieur devient un prétexte pour susciter cette rencontre tant désirée qui autrement n’aurait pas lieu.
Or, deuxième paradoxe amplifiant beaucoup le premier, l’art qui s’est immiscé dans l’univers profane de la rue y reste volontairement incognito. Devenus acteurs malgré eux de cette mise en scène qui demeure secrète, les gens rencontrés n’apprennent jamais la teneur artistique du projet de Lachance, trompés par ce canular intime et nuancé – en fait, ils ne rencontrent pas l’artiste, mais son personnage. Ainsi, alors que l’intime est exposé au grand jour, le public reste quant à lui cantonné dans le secret le plus hermétique.
Si la démarche de l’artiste montre un processus pertinent, soulevant des questions incontournables à notre époque – la mise en danger de l’artiste, la désacralisation de l’intime et l’éthique de l’art relationnel -, l’exposition présentée à Langage Plus apporte peu à la réflexion, laissant le visiteur sur sa faim. Le concept du réseau, représenté par les tracés des métros de Montréal et de Paris, rappelant ces lieux par excellence de rencontres anonymes, aurait gagné à être mieux exploité.
Jusqu’au 11 février
À Langage Plus
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