One Bird : Québec brûle-t-il?
Arts visuels

One Bird : Québec brûle-t-il?

L’installation One Bird de Paul De Marinis est sans contredit l’objet le plus énigmatique présenté jusqu’à maintenant dans le cadre du Mois Multi. Comment une flamme peut-elle retransmettre les discours politiques de l’entre-deux-guerres?

La réponse ne se trouve ni dans l’ésotérisme, ni dans la spiritualité, ni dans la métempsycose ou le chamanisme, elle se trouve dans la science. Comme plusieurs artistes de sa génération, De Marinis s’intéresse aux rapports que les arts entretiennent avec les sciences. Il crée "des oeuvres qui font le pont entre l’art et la science", d’après Émile Morin, un des directeurs artistiques de l’événement. Ce dernier nous explique que, "quand on parle d’arts électroniques, à savoir des artistes qui travaillent avec les nouvelles technologies, le nom de Paul De Marinis est fondamental, c’est un des pionniers, c’est un artiste très important".

Toujours est-il que l’oeuvre de De Marinis (San Francisco) demeure encore un mystère. On sait qu’il travaille les arts électroniques depuis plus de 30 ans, qu’il a été l’un des premiers à utiliser l’informatique dans sa pratique artistique, qu’il a effectué des performances sonores et réalisé plusieurs expositions partout dans le monde, que des centaines d’articles ont été écrits sur lui et ses oeuvres, qu’il est professeur associé à la prestigieuse Université Stanford, et que sa dernière présence au Québec remonte à 1992.

Mais comment, par quelle technologie, par quel subterfuge électronique, une flamme qui brûle peut-elle émettre des ondes audibles, c’est-à-dire des sons plus précis que le crépitement du gaz s’enflammant, des sons qui ne nous sont pas étrangers?

Hum… beaucoup trop compliqué! Et de toute façon, le procédé scientifique qu’utilise l’artiste n’a jamais véritablement eu d’applications concrètes, sauf pour l’oeuvre de De Marinis. Alors laissons donc cette question aux scientifiques, seuls détenteurs de la connaissance scientifique, s’il en est. Et intéressons-nous plutôt au caractère éminemment politique de l’oeuvre de De Marinis, que Voir a rencontré à l’occasion du lancement du Mois Multi et de son installation. D’emblée, il nous décrit One Bird comme un haut-parleur qui "fait du son avec du feu. C’est la flamme qui parle, c’est elle qui fait du son, la flamme est celle qui parle. Ces paroles sont celles prononcées par des dirigeants politiques du milieu du XXe siècle – Mussolini, Hitler -, ce sont quelques-uns de leurs discours. À la base, l’installation s’appelle Firebird. Elle est constituée de quatre haut-parleurs récitant chacun un discours d’un dirigeant. Or, ici, comme l’espace est réduit, je ne présente qu’une composante de mon installation initiale".

Quoi qu’il en soit, une flamme jacassant dans une cage d’oiseau, c’est stupéfiant, intrigant, fascinant. Un autodafé du langage, avouez que ça signifie quelque chose. D’autant plus que c’est par le gaz que brûle le langage, ce qui n’est pas sans rappeler les chambres à gaz des camps de concentration nazis.

Jusqu’au 7 mars
Dans le hall de Méduse
Voir calendrier Arts visuels

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CARNET

EN RAFALE

Tour des activités de la fin de semaine du Mois Multi: entre-deux de kondition pluriel (du 14 au 17 février, de 16h à 23h30), Les Constellations dynamiques de Mindroots (du 15 au 17 février, à 20h) et le Cabaret audio avec Michel F. Côté (16 et 17 février, à 22h30).

Outre le Mois Multi, il y a en ce moment quelques expositions à voir à Québec. Chez Lacerte, on nous propose OEuvres récentes, une double exposition de deux jeunes artistes de la région de Québec, Thierry Arcand-Bossé et Sophie Privé. Peintures vivantes, les oeuvres de ces peintres de la relève éveilleront les sens, de l’émotion puissante à l’accalmie réconfortante. Jusqu’au 28 février.

Du côté du cégep de Sainte-Foy, l’exposition Expression sans-cadre regroupe des oeuvres d’amateurs et, heureusement, d’étudiants en arts plastiques et en design. C’est pourquoi, dans le lot des oeuvres dénuées d’intérêt, certaines se démarquent franchement par la qualité de la démarche (Espace plâtre d’Isabelle Boutin et Le Ventre cybernétique de Léa Paquet) ou par la qualité du trait (Déchéance et Le Travesti). Jusqu’au 23 février.

À voir aussi à la Chambre blanche, Étude d’un phénomène ou l’invention d’un souvenir de Julie-Andrée T., qui propose une incursion dans l’univers, parfois chaotique, du climat et de ses aléas. Jusqu’au 25 février.