Centre d’expo Raymond-Lasnier : Duo

Ce n’est pas à la suite d’un curieux hasard que Joan Lefebvre, Marianick Rousseau-Tourigny, Marie-Josée Roy et Jean Beaulieu exposent ensemble. Il y a presque deux ans, les quatre peintres figuratifs avaient servi en quelque sorte d’éclaireurs à la délégation trifluvienne au Festival Beaumont du Québec en Limousin en France. À leur retour de voyage, inspirés par ce qu’ils y avaient vu, ils avaient eu envie d’unir leurs talents, leurs styles.

Dans le communiqué de presse envoyé aux médias, on raconte que le quatuor propose une exposition sur le thème de l’amour. Or, le titre de celle-ci renvoie à des zones peu confortables, voire douloureuses: Je saigne, je peine, je sème et je me figure ton visage. Questionnées sur le sujet, les trois femmes du groupe admettent qu’effectivement aucune lumière n’émane du titre, mais à tort. C’est qu’une erreur s’est glissée au moment de l’impression des documents. Les mots je t’aime auraient dû se retrouver quelque part vers la fin de la longue énumération: Je saigne, je peine, je sème, je t’aime et je me figure ton visage.

À QUATRE MAINS

Pour cette expo, les quatre peintres s’étaient donné pour défi de peindre en duo. Et ils devaient former toutes les paires possibles. Ainsi, au terme des collaborations, six toiles devaient voir le jour. Si le concept d’origine est resté, le nombre de participants (et par conséquent de tableaux!), lui, a diminué. Débordé par ses autres occupations, Jean Beaulieu a dû se retirer de la part créative du projet – quelques-unes de ses oeuvres personnelles sont quand même accrochées. Seules les trois femmes ont donc marié leurs univers. Trois grandes oeuvres colorées en témoignent.

Lorsqu’elles se remémorent l’expérience, les artistes nagent dans des ondes de bonheur. Leurs yeux scintillent. "J’ai adoré travailler sur la toile d’une autre ou avec quelqu’un!" s’exclame Marianick Rousseau-Tourigny. Une telle activité permet une ouverture à de nouvelles techniques en plus de dégourdir l’imaginaire. "Quand tu sens que tu stagnes dans ton style, c’est très bon de faire des duos", ajoute Marie-Josée Roy. Joan Lefebvre abonde dans le même sens: "On a chacune une carrière. Mais, de se retrouver toutes les trois, ça donne de l’énergie et c’est le fun!"

Chaque créateur évolue dans un genre différent. Cela est clairement montré dans l’expo. Aux oeuvres collectives s’ajoutent des tableaux réalisés en solo. Jean Beaulieu s’inspire de la technique des vitraux. Joan Lefebvre, qui a longtemps évolué dans la mosaïque, s’éclate dans une multitude de techniques expressives. Marianick Rousseau-Tourigny peint des femmes au long cou: "J’essaye beaucoup d’avoir le sentiment pur. (…) Mes personnages sont en recherche de souffle, d’une vision meilleure. Je fais beaucoup référence à mon vécu personnel. J’aime quand ça dégouline. Je travaille beaucoup avec l’eau, beaucoup avec mes mains." Et Marie-Josée Roy peint sur le métal. "J’ai passé deux ans d’exploration totale. Et là, ça commence beaucoup à se raffiner. J’ai trouvé l’équilibre entre quelque chose d’expressif et de figuratif, entre quelque chose de très spontané et d’étudié", conclut-elle.

Jusqu’au 18 mars
Au centre d’exposition Raymond-Lasnier
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