Manoeuvres exquises : L'expansion de l'univers artistique
Arts visuels

Manoeuvres exquises : L’expansion de l’univers artistique

L’installation Manoeuvres exquises, de Paryse Martin, nous rappelle que nous sommes infiniment petits… ou infiniment grands, cela dépend du point de vue où on se place!

C’est tout un univers que celui dans lequel on nous invite à pénétrer à la Galerie des arts visuels de l’Université Laval. L’espace d’exposition a été complètement investi par l’artiste de Québec. Paryse Martin a beau enseigner rationnellement les arts visuels à l’université en tant que chargée de cours, donner des conférences, participer à la coordination d’événements artistiques (coordonnatrice du Symposium de la jeune peinture de Baie-Saint-Paul de 1986 à 1997), remplir des demandes de bourse (boursière du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts et des lettres du Québec, de l’Université Laval), quand vient le temps de créer et d’exposer (Les Glaces, L’OEil de Poisson [1997], Effleurements pour un gros gourmand…, Galerie Simon Blais de Montréal [1992], La Ronde de nuit ou Petites Intimités nocturnes, Tijdelijk Museum, Nijmégen, Hollande [1991]), elle n’interpelle plus que sa créativité.

Poursuivant un doctorat en études et pratiques des arts à l’UQAM, Paryse Martin a une pratique artistique solide et réfléchie. Même si on ne comprend pas toujours d’emblée le sens que l’artiste a voulu donner aux artefacts, sculptures et autres objets tout droit sortis de contes de fées qu’on trouve en ce moment entre les murs de l’édifice de la Fabrique, il n’en demeure pas moins qu’ils sont tous chargés de sens. Ces objets ont été façonnés – parfois par l’artiste, d’autres fois par ses étudiants et étudiantes sous sa direction – d’une manière complémentaire. C’est-à-dire qu’il n’y a pas là qu’un ramassis de nains de jardin et de sculptures de carton; il faut aller voir plus loin que le bout de son nez, il ne faut pas s’arrêter à ce que suggère prima facie l’exposition. Car se cache derrière l’apparente simplicité de ces créations un univers unique et d’une sensibilité puissante.

Elle crée son propre univers. Qui plus est, un univers baroque, autant dans les couleurs choisies que dans ses références à l’histoire de l’art. Histoire qu’elle parcourt avec aisance, et pas seulement la période baroque. Elle fait appel aux impressionnistes, aux modernes, aux contemporains. On y trouve aussi des références à ces fameux contes que tout le monde connaît. Mais cette fois, on ne nous les raconte pas pour nous faire rêver, bien que son installation nous y invite fortement. Ils ont été placés soigneusement par l’artiste afin, s’imagine-t-on, d’interroger notre perception de la réalité. Puisqu’on se sent grand devant le nain de jardin, on pense pendant une seconde qu’on l’est véritablement, mais dès lors qu’on se voit à travers le miroir convexe accroché sur l’un des murs, on s’aperçoit soudainement plus petit qu’on pensait l’être en réalité. Et eux, ces personnages éternels du conte, les nains imaginaires qui ne meurent jamais, ceux-là même qui portent dans leur brouette une tête de mort, veulent-ils nous dire quelque chose par là? Qui sait si ce n’est pas notre mort qu’ils transportent, notre mortalité, notre faillibilité? Et ces constructions en carton, sont-elles justement là pour nous montrer la fragilité d’un monde gouverné par l’opulence et l’insouciance?

Quoi qu’il en soit, cette exposition nous ouvre les portes de la perception, pas celles d’Huxley, plutôt celles que, parfois, l’art nous ouvre.

Jusqu’au 4 mars
À la Galerie des arts visuels de l’Université Laval
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CARNET

SUGGESTIONS: METIERS D’ART ET MOIS MULTI

Le centre Materia propose jusqu’au 1er avril l’exposition Espace, céramique actuelle: du design architectural à l’installation. Regroupant le travail de deux artistes en céramique de la relève, Kathy Ouellette et France Goneau, le centre a décidé de nous faire découvrir deux pratiques différentes. La première créatrice émane plutôt du milieu des arts visuels et nous offre ici une installation composée de fleurs aux tiges de métal et aux pétales de céramique. La seconde, nous conviant à sa conception du design par le truchement de magnifiques carreaux de céramique taillés, se situe à la frontière des genres.

Au Mois Multi, on suggère d’aller voir les Cubes à sons | bruits | babils, de Catherine Béchard et de Sabin Hudon (Québec). Le vernissage est à 17h, le 22 février, et l’exposition a lieu du 23 février au 7 mars de 12h à 17h au studio d’Avatar.