Danièle DeBlois : Vision mondiale
Danièle DeBlois poste à l’Atelier Silex ses Cartes postales, des oeuvres coup de poing inspirées par le passé tragique de certains lieux magnifiques du monde.
Danièle DeBlois est la créatrice de nombreux personnages d’animation. Elle a entre autres donné leurs traits au célèbre Caillou et au sympathique Arthur. Si elle fait ressortir le côté lumineux de l’humanité dans son travail pour la télé, elle propose un discours un peu plus sombre dans Cartes postales.
Pour cette exposition, l’artiste multidisciplinaire a transformé l’Espace 0…3/4 de l’Atelier Silex en une gare. Elle invite ainsi les voyageurs à choisir parmi les destinations – des petites mises en scène artistiques – celle qui leur plaît: les camps de vacances d’Auschwitz, la chambre vue sur la mer d’Alcatraz, la Toscane et sa violence enfouie, les négriers d’Afrique du Sud… Danièle DeBlois a fouillé le passé de plus d’une dizaine de régions du monde. En apparence, certaines villes paraissent aujourd’hui blanches comme neige, mais elles taisent parfois d’anciennes et dramatiques histoires. Dans ses tableaux-sculptures, la Montréalaise s’est amusée à opposer ces deux réalités. "Chaque pays a une histoire. Par exemple, la Suisse, c’est une place riche, mais c’est surtout connu pour les sanatoriums. L’histoire de la psychologie est là. Il y a de grands thérapeutes qui ont exercé là-bas", dit-elle pour expliquer ce corps de poupée décapité attaché dans une boîte capitonnée. Il y a aussi une image des accueillantes îles de la Madeleine, où des membres humains ont été suspendus à une corde à linge pour rappeler les nombreux naufragés qui ont été avalés par la mer, et une carte postale de l’Afrique du Sud. "Ça, c’est l’une de mes préférées. Zanzibar, c’est une petite île de la Tanzanie. Ça a l’air super le fun, mais c’était un poste d’esclavage assez connu au XVIIIe siècle. De 1000 à 3000 esclaves qui venaient d’Afrique sont partis de là. C’était un commerce assez florissant. […] Mais c’est une île magnifique!" s’exclame-t-elle.
Le propos, aussi lourd soit-il, est toujours abordé avec une touche d’humour (noir). Oui, chaque oeuvre percute nos valeurs, mais son titre adoucit toujours l’impact. "C’est de l’humour à deux tranchants. Le titre fait contrepoids à ce que tu vois", soutient-elle. La bande sonore, qui regroupe des musiques de tous les pays de l’expo, rend également le voyage plus agréable.
Jusqu’au 21 mars
À l’Atelier Silex
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