Patrick Beaulieu : Jouer avec le feu
Les créations de Patrick Beaulieu jouent sur le pouvoir de séduction de ce qui scintille, tournoie, papillote, étincelle… Bien captivant.
La vidéo Poussière d’étoiles, réalisée par Patrick Beaulieu, se présente d’une manière assez simple. Dans des images tournées comme à l’épaule, sans mise en scène, vous verrez des jeunes gens qui semblent jouer de nuit au hockey dans les rues d’une ville scintillante de lueurs (en fait, 1000 petites lumières installées par Beaulieu).
Le spectateur s’aperçoit vite que ce ne n’est pas une "poque" que ces jeunes hommes se passent et poursuivent avec grande énergie. L’objet ainsi propulsé est en fait une boule de feu qui au gré des échanges laisse ici et là des flammèches et des morceaux encore incandescents sur le sol. Entre les lumières qui scintillent et les étincelles qui voltigent autour de cette pelote de feu se crée une ambiance inquiétante. En fait, il s’agit d’un rituel se déroulant au Mexique et qui remonte à des temps préhispaniques. Cette pelote de feu est généralement exécutée pour la nouvelle année. Une sphère de bois recouverte de tissus trempés de kérosène est de nos jours le coeur de cet événement.
Dans un espace adjacent, pour nous plonger un peu plus dans cette atmosphère, Beaulieu a installé sur le sol une série de lumières clignotantes qui interpellent notre fascination (bien commune) pour ce qui est insaisissable visuellement. Qui n’a pas perdu son regard dans la contemplation d’un feu de bois, d’un feu d’artifice ou simplement des lumières de Noël clignotantes?
Voici un artiste hanté par ce qui tournoie, virevolte, scintille, fuit le regard… À la Galerie Art Mûr vient tout juste de s’achever une autre expo de Beaulieu où il remontrait ses petites branches d’arbres tournoyantes et une nouvelle oeuvre (Souffle) où des ailles de papillons monarques virevoltaient dans des vases de verre éclairés dramatiquement (ce qui donnait l’impression qu’ils étaient en feu).
Beaulieu travaille avec intelligence sur l’insaisissable, sur le pouvoir de fascination qu’exercent des phénomènes que l’on ne peut pas totalement contrôler. Avec ses oeuvres, le spectateur se sentira comme un insecte attiré, médusé, en pleine nuit par la lumière d’une ampoule. Certes, le dispositif de présentation de la vidéo aurait pu être plus spectaculaire, (l’écran est bien petit). Néanmoins, voici une oeuvre originale et qui d’expo en expo gagne en cohésion.
Jusqu’au 25 mars
À la Maison de la culture Notre-Dame-de-Grâce
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À voir si vous aimez
L’oeuvre lumineuse POD de Steve Heimbecker présentée au Centre Oboro en 2004.