Fontaine Leriche : Délire cacophonique
Fontaine Leriche, dans son expo Après le bip, s’intéresse au mouvement et au vacarme.
Avec ses vieux téléphones (rouges!), ses aboiements de chien mêlés à une multitude de sons étranges, ses projections schizophréniques et ses fascinantes sérigraphies, Après le bip ressemble à une salle de jeux pour enfants légèrement tordus. L’expo propose en effet une improbable rencontre entre le ludisme et le drame ainsi qu’entre la photographie, le dessin et la vidéo.
Fontaine Leriche, elle, compare son expo à un rallye ou à un grand Kino. "Des vidéos, j’en ai fait beaucoup pour Kino. Je suis donc habituée à travailler rapidement. Tu fais une vidéo en trois ou quatre jours. C’est rapide. Elle est rarement complètement au point, disons. Elle est toujours en chantier. L’expo, ici, est peut-être comme un gros Kino", explique l’intrigante artiste de Trois-Rivières. Après le bip n’est pas le résultat d’une longue réflexion existentielle. Elle prend plutôt racine dans la spontanéité, dans le brut. Avec Fontaine Leriche, il ne faut pas s’attendre à des oeuvres léchées. Au contraire, il se peut que des fils dépassent, que tout ne soit pas totalement parfait. "Je laisse beaucoup les choses au hasard. J’aime les erreurs. Je me souviens d’une expo où un truc avait un peu tombé. J’avais fait: "Ah! Coudonc, ça avait à être de même." C’est sûr que ça fonctionnait aussi avec le titre de l’expo…" sourit-elle.
Elle ajoute: "J’aime beaucoup essayer des choses nouvelles. Par exemple, je voulais mettre du son dans cette expo, même si je savais que ça ne serait pas parfait."
Lorsqu’on lui demande de nous parler de son univers, Fontaine Leriche se fige. Les mots se bloquent dans sa gorge, sans doute par pudeur. "Je ne peux pas mettre le doigt sur ce que ça dégage. Peut-être que je ne me comprends pas moi-même. Ça veut dire plein de choses en même temps. Et j’aime quand ça reste ambigu. Je n’aime pas ça dire aux gens quoi penser. Tu n’es pas obligé de penser quelque chose quand tu regardes mes oeuvres. Il faut que ça soit beau. L’aspect esthétique, c’est très important, signale-t-elle. Il y a quand même un lien entre mes images. Il y a des animaux, le même genre de dessins, la même ambiance…"
Malgré tout, celle qui travaille actuellement au premier clip de Tricot Machine dévoile le thème général d’Après le bip: le mouvement, la cacophonie. "Je voulais que ça donne mal au coeur!" Ainsi, on ne s’étonne pas du rouge vibrant qui colore ses nombreuses sérigraphies, des bruits désordonnés, des multiples détails qu’on découvre à chaque nouveau regard.
Jusqu’au 1er avril
Au Centre de diffusion Presse Papier
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