Ron Mueck : La simplicité dans la complexité
Arts visuels

Ron Mueck : La simplicité dans la complexité

Les oeuvres de Ron Mueck ne passent pas inaperçues. Du large colosse au minuscule nouveau-né, ses sculptures hyperréalistes sondent l’âme et les vulnérabilités des êtres humains.

Le Musée des beaux-arts du Canada nous en donne plein la vue avec l’exposition simplement intitulée du nom de l’artiste, Ron Mueck. Ce sculpteur, né en Australie et habitant Londres, est parvenu à rapidement capter l’attention des collectionneurs par ses sculptures tantôt gigantesques, tantôt minuscules. Celles-ci sont réalisées à partir de très délicates figures en terre formant la base des moules qui serviront ultérieurement à la coulée de fibre de verre et de silicone. Le résultat est étonnant, de la plus petite veine ou ridule sur le colosse de plus de deux mètres de hauteur jusqu’aux fausses gouttelettes de sueur au visage de la jeune mère contemplant son nouveau-né immédiatement après l’accouchement. La profusion et la finesse des détails contribuent à produire un ahurissant hyperréalisme. Afin de mieux faire comprendre le processus de création, le musée offre de visionner une captivante vidéo expliquant les diverses étapes menant à un tel exploit et donnant un aperçu du studio de l’artiste et de sa technique.

L’échelle des oeuvres plonge le public dans l’univers des Voyages de Gulliver, satire du XVIIIe siècle écrite par Jonathan Swift dans laquelle Gulliver se retrouve tantôt dans le monde des lilliputiens, tantôt dans le monde des géants. C’est exactement l’impression éprouvée lorsqu’au détour d’un mur, une monumentale femme allongée dans son lit semble nous interpeller. D’autres sculptures, telles Couple couché en cuillère ou Old Woman in Bed, nous présentent des personnages miniatures aux détails toujours aussi fins. La presque totalité des personnages sont dévêtus, mais cette nudité est traitée avec beaucoup de simplicité et de manière très respectueuse. Le choix des tissus, souvent d’un blanc immaculé, donne à l’ensemble une aura de pureté, d’austérité même, comme pour isoler le personnage de son environnement immédiat et pour mettre l’accent plutôt sur l’expression faciale.

Ron Mueck, Deux Femmes, 2005. Collection Glenn Fuhrman, New York.

Ron Mueck expose des moments intimes. Tout en s’efforçant de reproduire le plus fidèlement possible les caractéristiques physiques des hommes et femmes représentés, l’artiste établit le lien entre l’expression corporelle et les sentiments qu’elle symbolise. Les regards ne s’adressent pas directement aux visiteurs et il plane un doute quant à la signification exacte des traits du visage ou de la posture. Les scénarios laissent beaucoup de place à l’imagination, quoi qu’émerge tout de même le sentiment d’être un peu voyeur dans un espace privé où le personnage semble se poser des questions existentielles.

Est-ce la peur, l’appréhension, le doute, la tristesse ou la vulnérabilité? Chacun peut, à sa façon, interpréter l’oeuvre avec son expérience personnelle et sa sensibilité. C’est là que réside toute la force des oeuvres de Mueck: au-delà de l’exploit technique, il parvient à invoquer notre compassion et notre empathie envers le sujet, bien que cette perception soit inévitablement teintée par notre propre bagage émotif.

À noter que plusieurs activités très intéressantes sont proposées pendant toute la durée de l’exposition. Pour les détails, veuillez consulter le site du musée, plus particulièrement la section spécialement consacrée à cette exposition, au www.musee.beaux-arts.ca.

Jusqu’au 6 mai 2007
Au Musée des beaux-arts du Canada
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