Groundings : On ne meurt pas deux fois
Arts visuels

Groundings : On ne meurt pas deux fois

Groundings, une série de gravures et une vidéo que l’artiste Bill Vincent présente au centre Engramme, évoque avec une virtuosité certaine l’une des fatalités humaines: la mort.

Bill Vincent s’intéresse à l’estampe depuis les années 70. Il a obtenu à plusieurs reprises des bourses du CALQ, a exposé un peu partout au Québec, a réalisé plusieurs résidences au Centrum Franz Masereel (Kasterlee, Belgique). Il a participé à une multitude d’expositions collectives, tant ici qu’au Mexique et en Italie. Bref, il est un des pionniers de l’estampe à Québec. C’est sans doute pour toutes ces raisons que ses oeuvres font déjà partie de grandes collections, dont celles du Musée royal d’Anvers en Belgique et de la United States Library of Congress de Washington.

En regardant son parcours, on peut dire qu’il a atteint une maturité au fil des années passées à créer. On peut même dire qu’il a atteint ce moment dans la vie où on s’interroge sur le sens de la vie, sur les forces de la nature – ou autres – qui nous poussent à vivre et qui nous obligent à mourir. Et il le fait avec une sagesse exemplaire. La métaphore de la plante qui grandit est à cet égard toujours utile pour expliquer l’inexplicable. Mais la question demeure. Qu’est-ce qui, entre la vie et la mort, l’emportera? Que restera-t-il au final, de la vie ou bien de la mort?

À bien y penser, la réponse qu’apporte Bill Vincent par l’intermédiaire de son ensemble Crackflowers (un ensemble de gravures représentant des racines et des herbes de ville piétinées) et de sa vidéo Parabole, inspirée par La Parabole du semeur, n’est pas si tranchée qu’il n’y paraît de prime abord. On serait porté à dire que, nécessairement, c’est la mort qui gagne, d’autant plus que son oeuvre nous y invite fortement par le truchement de sa vidéo. Or, y a-t-il un combat entre la vie qui veut vivre et la mort qui veut mourir, ou le cycle de la vie n’est-il que l’expression de cette célèbre maxime: rien ne se perd, rien ne se crée?

Quoi qu’il en soit, on perçoit dans le propos de Bill Vincent, surtout par l’entremise de l’oeuvre vidéographique, cette envie de communiquer le sentiment partagé par chacun, d’où la force du message, que la beauté de la vie réside dans son mystère, et que la mystérieuse transformation de la matière ne peut s’expliquer que par l’idée que nous ne sommes que poussière…

Jusqu’au 8 avril
Au centre de production en estampe Engramme
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REVUES ET LIVRES D’ART

Le dernier numéro de la revue Esse, une revue d’art et d’opinions, a été consacré au bruit. L’esthétique du bruit est en effet de plus en plus utilisée par les arts électroniques et multidisciplinaires. Ce numéro vient donc nous éclairer sur cette tendance qui a des résonances!

Dans un autre ordre d’idées, la revue Le Sabord, qui s’intéresse aux repères visuels et littéraires, nous fait découvrir le travail de Josette Villeneuve (très intéressant), Ernesto Fernando, Marie-Andrée Cormier, Patricia De Gorostarzu, France Trudel, Bettina Hoffmann, Marcel Blouin et Paul Lowry.

Du côté des livres d’arts, les Éditions J’ai VU viennent de faire paraître trois ouvrages de photos: Miroitements: Désirs et Réalités du travail de Sandra Fillion et Steve Leroux, Chute de Geneviève Robitaille et Ivan Binet, ainsi que Heureusement qu’il y avait le monde autour de moi de Josée Pellerin.