Alejandra Basañes : Civilisations
Alejandra Basañes, dans son expo Fragments II, s’inspire des "vols de la mort", un fait tragique de l’histoire de son pays d’origine, l’Argentine.
Les "vols de la mort" ont fait disparaître entre 15 000 et 30 000 personnes en Argentine de 1976 à 1983. Dans son exposition Fragments II, Alejandra Basañes dépoussière cette tragédie.
"À la fin des années 1970, on a eu une dictature militaire en Argentine, explique l’artiste. Les militaires étaient des gens un peu fermés. Seulement le fait de joindre un groupe, de faire de la politique ou de penser était une raison de mourir pour eux. Il y avait pas mal de manières de tuer les gens, de tuer la réflexion. Vouloir la démocratie à cette époque-là, c’était beaucoup, c’était révolutionnaire. Et les "vols de la mort", c’était une manière de tuer les gens. Ils les mettaient dans un hélicoptère ou un avion, leur donnaient des calmants et les jetaient dans la mer… Et pourquoi je prends ce sujet-là, maintenant? C’est que ça ne fait pas longtemps que des militaires ont avoué ça."
Avec Fragments II, Alejandra Basañes ne cherche pas à faire de la dénonciation. "Pour moi, c’est un sujet historique de l’Argentine. Et je le prends pour faire une réflexion esthétique, pour confronter une société fermée et structurée, comme il y en a encore dans le monde, à une société plus civilisée où on accepte les manières de penser. Ce n’est pas seulement une réflexion sur mon pays d’origine, mais sur toutes les sociétés. Ce que j’observe, c’est un fait en Argentine, mais ça se répète ailleurs aussi: au Darfour, en Afghanistan…" précise-t-elle. En effet, le sujet des "vols de la mort" sert de point d’ancrage, de repère, à une réflexion beaucoup plus profonde sur l’identité.
Ainsi, les estampes de la Trifluvienne d’adoption, autant celles imprimées sur du papier que sur du verre, dévoilent des images abstraites bombardées de spirales. "J’ai pris la forme spirale pour représenter la vie humaine, pour montrer qu’on est en constante évolution. Bon, c’est peut-être parce que je suis immigrante, mais on doit assimiler, s’entraider, apprendre d’une société différente, d’une culture différente. Et, moi, j’apporte des choses… C’est toujours en mouvement", conclut-elle.
Jusqu’au 27 mai
À la Galerie d’art du Parc
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