Jocelyne Belcourt Salem : Parfois je rêve en français
Arts visuels

Jocelyne Belcourt Salem : Parfois je rêve en français

Par une simple question, Jocelyne Belcourt Salem ouvre une fascinante porte sur la culture et la place qu’elle occupe dans notre inconscient personnel et social.

L’installation des oeuvres de Jocelyne Belcourt Salem à la galerie BRAVO-Est revêt une aura de simplicité. Mais ne vous y trompez pas car l’esthétique minimaliste en noir et blanc de l’exposition, simplement intitulée parfois je rêve, cache une captivante étude de l’inconscient et de sa relation avec le bagage multiculturel que portent nombre d’entre nous.

Dans le contexte actuel entourant l’enjeu du multiculturalisme dans notre société, une question aussi banale que "Dans quelle langue rêves-tu?" peut susciter de multiples commentaires. Posant cette question à des personnes venant de milieux culturels divers, l’artiste a laissé celles-ci répondre spontanément et en toute liberté. Au son de la craie au tableau noir, l’on observe les gestes de ces femmes et hommes inscrivant la phrase "parfois je rêve" dans leur langue natale. Tout en écrivant, ils racontent leur histoire personnelle, analysent leurs liens avec leur culture d’origine et avec toutes les autres qui ont graduellement intégré leur vie. Certains récits très touchants témoignent des conflits intérieurs engendrés par les contrastes culturels. Il devient rapidement apparent que l’équilibre entre les différentes cultures tel que peut le vivre une personne d’origine haïtienne parlant créole, français, anglais et chinois n’est certes pas aisément définissable. Selon le niveau d’assimilation dans une langue seconde, le langage du rêve varie et chacun semble y trouver sa propre interprétation. Un des intervenants déclare ne rêver en aucune langue et que, pour lui, le rêve est un terrain neutre et objectif, mais pour la plupart des autres, le rêve donne lieu à de charmants amalgames linguistiques.

En plus de la vidéo, l’exposition comporte des reproductions photographiques des tableaux noirs où l’on peut lire les différentes versions de la phrase "parfois je rêve" et d’autres phrases connexes, en français, russe, hongrois, ukrainien, créole, hébreu, farsi et maltais.

Cette exposition est présentée dans le cadre du 15e anniversaire du Bureau des regroupements des artistes visuels de l’Ontario (BRAVO). Cet organisme vise à promouvoir l’art des francophones de l’Ontario et compte de très nombreux membres et des liens avec plusieurs galeries. La commissaire Marie-Jeanne Musiol a organisé l’événement L’image qui bruit, composée de cinq expositions distinctes dans cinq galeries de Sudbury, Toronto, Ottawa et Hearst. Le magnifique site Web du Musée virtuel des beaux-arts de l’Ontario francophone permet d’admirer les oeuvres des membres de BRAVO au www.galeriedevisu.org.

Située au second étage d’une charmante vieille maison de la rue Beechwood à Vanier, la galerie BRAVO-Est est un petit bijou à découvrir. La dynamique et passionnée directrice, Shahla Bahrami, organise des expositions de grande qualité. Comme les lieux d’exposition sont étroits, les artistes doivent dénicher des trésors d’imagination, créant de facto des installations intimes où les visiteurs ont le sentiment de vraiment intégrer l’oeuvre et de pouvoir déguster sans ménagement. Faites une petite marche dans le quartier et découvrez également la galerie Dale Smith et la Electric Gallery situées non loin. Un quartier à re-découvrir!

Jusqu’au 19 avril
À la Galerie BRAVO-Est
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