Tourner le coin : L'architecture au service de l'art
Arts visuels

Tourner le coin : L’architecture au service de l’art

L’exposition Tourner le coin, d’Alexandre David, métamorphose l’espace afin de nous faire voir sous un autre jour les rapports que nous entretenons avec notre environnement.

Alexandre David – récipiendaire du prix Louis-Comtois en 2006 et chargé de cours à l’École des arts visuels de l’Université Laval depuis 1991 – n’en est pas à ses premières expériences en ce qui concerne la transformation architecturale d’environnement. Titulaire d’une maîtrise en arts visuels de la Slade School of Fine Art (University College London, Londres, Royaume-Uni), il signait une exposition individuelle au Musée d’art contemporain de Montréal en 2002, qui consacrait sa démarche et son intelligence créatrice. L’OEil de poisson emboîtait le pas en 2003 en présentant le travail de cet artiste iconoclaste, alors que la galerie Optica de Montréal récidivait en 2007 en l’invitant à montrer l’évolution de son exploration artistique.

Le projet qu’il nous propose, réalisé dans le cadre d’une résidence in situ à la Chambre blanche, peut se résumer ainsi: construire pour mieux déconstruire. Construire une structure de contreplaqué pour déconstruire notre perception du spatial. Déconstruire nos repères à l’aide de constructions inusitées, tel est le leitmotiv de l’artiste. Mais au-delà de cette simplicité apparente, l’oeuvre de David amène le visiteur de l’exposition à se questionner: est-ce moi qui suis mal constitué, ou est-ce l’espace dans lequel j’évolue qui a été mal construit?

Justement non. Ce n’est pas l’environnement qui a été bâti selon les mauvaises mesures, c’est notre habitude d’être entourés de structures standardisées qui fait qu’on vit un malaise lorsqu’on se trouve encerclés de bâtiments incongrus, de routes sinusoïdales ou de l’oeuvre de David; comme si tous les êtres humains étaient faits de la même manière, comme si le modèle à partir duquel nous avions été créés avait été analogue pour tous, comme si nous étions, pour paraphraser la théorie platonicienne des idées, l’imitation d’une imitation du véritable être!

Ce que fait David est fondamental pour notre culture du "tout doit être pareil". On pourrait penser que tout est perdu, que la monotonie de la banlieue, des autoroutes à quatre voies et des immeubles de logements est une tare que personne ne combat, un état de fait qu’on ne peut altérer ni aliéner. Rien n’est plus faux. La preuve, c’est qu’il existe des artistes, comme lui, pour nous pousser dans les derniers retranchements de nos certitudes.

À la Chambre blanche
Jusqu’au 22 avril
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DE LA LIBRAIRIE A LA GALERIE

Il existe à Québec, depuis maintenant six mois, l’une des librairies les plus belles du quartier Saint-Roch. Elle porte le nom du célèbre poème de Nelligan Le Vaisseau d’Or. Sise au coin des rues du Pont et Saint-Joseph, elle n’est pas qu’une librairie, elle est aussi une galerie qui présente les oeuvres récentes de jeunes artistes de la région de Québec. Ce mois-ci, c’est au tour des peintures de Josée Paradis d’être exposées, pour le plus grand bonheur des amateurs d’art. Et pour les amateurs de livres d’art, signalons que cette librairie est spécialisée dans ce domaine. Jusqu’au 27 avril.